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Roman

Les anges de Babylone de Ghislain Gilberti

Depuis que j’ai lu Sa majesté des ombres, je n’attendais qu’une chose : me replonger au plus vite dans cette histoire et découvrir la suite. C’est chose faite avec le tome 2 de cette Trilogie des ombres : Les anges de Babylone. Et quelle suite !! Quelle suite !! Je crois que je ne m’en suis toujours pas remise tant le plaisir de lecture a été au-delà de mes espérances. Je pense que j’ai dû dire environ 300 fois en tournant les pages : « Putain mais qu’est-ce que c’est bien ! ».

Il ne m’aura fallu que quelques lignes pour être complètement happée par ce rythme et cette histoire de dingue. Je suis montée dans un train en marche, à pleine vitesse, à la première page et j’en suis descendue médusée 620 pages plus tard. Je ne pensais pas qu’il serait possible de faire encore mieux que Sa majesté des ombres et pourtant c’est le cas. C’est parti pour cette chronique (garantie sans spoilers majeurs pour celles et ceux qui n’auraient pas lu le tome 1) des Anges de Babylone.

4ème de couverture

Débarquée de l’enquête sur Borderline, Cécile Sanchez revient sur le terrain lorsqu’une guerre des ombres éclate entre de nouveaux caïds et le Réseau Fantôme. Prêt à tout détruire, l’un des leaders de la corporation de tueurs, bien plus dangereux et instable que ses coreligionnaires, vient de sortir de prison après une décennie passée à l’isolement. 

Au centre de cette guerre pour le contrôle global, les Anges de Babylone, une nouvelle unité qui a grandi dans l’ombre de Borderline, s’apprête à prendre le ciel et s’étendre aux périphéries du territoire. Avec toujours la mystérieuse Voix pour guider leurs actions, leurs pensées et leurs bras armés. 

C’est dans cette zone que la nature est à nouveau sauvage. Les Anges feront la guerre pour l’Homme. Même les anges déchus auront leur croisade et celle qui ouvre la porte au grand chaos balaiera tout sur son passage : il n’y aura pas le moindre quartier. 

Ecce Lex

Les faits prennent place 5 mois après les dernières lignes de Sa majesté des ombres, qui nous emmenait au cœur d’une enquête sans précédent visant à identifier un réseau fantôme de narco-trafiquants sans pitié : l’organisation Bordeline. Si au travers de ce premier tome on saisissait déjà toute l’ampleur et la dangerosité de ces criminels, Les anges de Babylone frappe encore plus fort en nous plaçant directement dans l’antre de la « Bête ».

On découvre une organisation diaboliquement bien organisée et entrainée. Divisée en différentes cellules aux fins bien spécifiques, tous les membres suivent scrupuleusement le code de l’Ecce Lex, faisant office de texte quasi biblique pour les Bordeline. Le réseau de l’ombre est gigantesque, tentaculaire. Au cours de ma lecture, j’avais d’ailleurs un petit carnet pour noter au fur et à mesure l’identité des membres, leur fonction au sein de « la meute », pour petit à petit constituer un organigramme papier de Bordeline (oui oui j’étais vraiment à fond dedans !).

Bordeline est assimilée à une hydre, cette créature mythologique aux 7 têtes qui repoussent si on coupe l’une d’entre elle. Ici, chaque tête est une cellule spécifique de l’organisation avec à son sommet un chef siégeant au « Conseil ». J’ai été totalement grisée et fascinée par la découverte des rouages de cette organisation. Ghislain Gilberti a su créer quelque chose d’extrêmement dense, complexe (au bon sens du terme), organisé, plus proche de la secte fanatique que de la simple organisation criminelle. Chaque membre de Bordeline – et plus particulièrement chaque tête de l’Hydre -, est un personnage complètement fou avec ses « qualités », ses folies, ses perversions. Toutes les personnalités sont extrêmement travaillées et c’est un pur bonheur de suivre les différentes cellules de l’organisation dans leurs différentes missions.

Mais Bordeline, ce n’est finalement pas/plus seulement le trafic de drogue. Une nouvelle organisation se créé au sein même de la première : Les Anges de Babylone. Un noyau dur de radicaux dont les objectifs sont bien plus grands, bien plus funestes que la simple alimentation en poudre blanche de l’Est de la France… Le projet Babel est lancé.

Un rythme fou

Sa majesté des ombres m’avait déjà transcendée avec son rythme soutenu qui ne s’essoufflait jamais tout au long des 700 pages. Et bien l’exploit est renouvelé avec Les Anges de Babylone. Comme pour le premier tome, l’auteur nous offre un simili-prologue de près 150 pages pour nous replonger directement dans le vif du sujet et dans l’action. On y suit toute la mise en place par Kabuki, directrice de la stratégie tactique chez Bordeline, d’un plan d’éradication de dealers locaux qui ont pris la main sur le trafic strasbourgeois. Comment vous dire… C’est captivant, déroutant, original, surprenant, intelligent (je pourrais continuer la liste très longtemps…) et tout ça ce n’est que la première partie du roman.

Bien évidemment, la police est toujours de la partie et Cécile Sanchez alias la Torquemada, fraichement réaffectée sur l’enquête, est prête à tout pour définitivement démanteler le réseau. C’est à présent une affaire personnelle dans cette guerre qui a déjà coûté la vie à plusieurs de ses collègues. Mais plus elle se rapproche de l’antre de la bête et plus les morts s’accumulent. Elle comprend qu’en plus de risquer sa vie, cette enquête sans précédent risquerait aussi de lui prendre son âme.

J’espère que vous avez le cœur bien accroché car niveau violence on passe encore un cran au-dessus. Moi qui aime les romans qui tabassent j’ai été servie ! Chaque membre de la meute a ses préférences en matière de torture, de mise à mort et de « jeu » avec ses victimes. Si certains aiment les exécutions nettes au tir de précision, d’autres aiment faire durer un peu plus longtemps le plaisir…

En bref

J’ai été fascinée le rythme de l’histoire, par la fluidité dans la narration malgré la densité de l’intrigue, par cette organisation de criminels à mi-chemin entre les fous et les génies. Ce livre, j’ai l’impression qu’il a été écrit pour moi. A mes yeux, c’est la perfection même du genre, c’est tout ce que je cherche dans un polar. Plus qu’un coup de cœur c’est un immense coup de foudre.

Avec Les Anges de Babylone Ghislain Gilberti confirme que sa Trilogie des ombres est un incontournable du polar français. Un roman, intelligent, captivant et maîtrisé qui prends aux tripes de la première à la dernière ligne. Je ne sais vraiment pas comment je vais pouvoir tenir un an de plus avant de lire le dénouement avec le tome 3. Bref je vous laisse, je vais me faire tatouer Ecce Lex sur le poignet et je reviens 😂

Sortie demain, 18 avril, aux éditions Metropolis.

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