BD/Manga

Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher

Aujourd’hui, pour bien démarrer la semaine, je vous parle d’une bande dessinée publiée aux éditions Glénat : Ces jours qui disparaissent. Un excellent album fantastique « one-shot » qui nous parle de dédoublement de la personnalité.

4ème de couverture

Que feriez-vous si d’un coup vous vous aperceviez que vous ne vivez plus qu’un jour sur deux ? C’est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui, sans qu’il n’en ait le moindre souvenir, se réveille chaque matin alors qu’un jour entier vient de s’écouler. Il découvre alors que pendant ces absences, une autre personnalité prend possession de son corps. Un autre lui-même avec un caractère bien différent du sien, menant une vie qui n’a rien à voir. Pour organiser cette cohabitation corporelle et temporelle, Lubin se met en tête de communiquer avec son « autre », par caméra interposée. Mais petit à petit, l’alter ego prend le dessus et possède le corps de Lubin de plus en plus longtemps, ce dernier s’évaporant progressivement dans le temps… Qui sait combien de jours il lui reste à vivre avant de disparaître totalement ?

Lubin et « l’Autre »

Lubin est un grand rêveur, un brin naïf, complètement insouciant et totalement désordonné. Sa passion, c’est l’acrobatie artistique qu’il pratique avec sa troupe de copains. Il rêve de grands spectacles alors il s’entraine quotidiennement et enchaîne les petits boulots en attendant la gloire. Mais c’était sans compter sur l’apparition de cette seconde personnalité qui va prendre le contrôle de son corps un jour sur deux. L’autre Lubin a un caractère diamétralement opposé : terre à terre, organisé, rationnel, carriériste. Dès le départ la cohabitation s’avère difficile.

Le scénario de cet album est vraiment captivant. Au-delà de l’aspect fantastique et psychologique, l’histoire pose la question de l’identité, de ce qui nous représente, qui fait ce que nous sommes. Une intrigue finalement très métaphorique sur notre relation au temps et ce que voulons faire de notre vie.

Un style épuré

Les dessins de Ces jours qui disparaissent sont simples sans jamais être simplistes. C’est donc un choix au service de la narration. Les planches sont limpides et on se laisse simplement porter par le récit page après page.

Au travers de ses dessins, ce sont des hommes et des femmes de tous les jours que met en scène Timothé le Boucher. Il n’y a aucune recherche d’extravagance dans le style des personnages. Simplement des gens comme vous et moi qui vont trouver leur vie chamboulée par l’incompréhensible.

La dualité de Lubin est très bien représentée et ne laisse aucune place à la confusion. A la lecture on sait toujours immédiatement laquelle des deux personnalités prend la parole. Pour cela l’auteur utilise notamment des codes couleurs différents dans les bulles. Un petit détail qui fait toute la différence puisqu’il nous permet de rester en permanence accroché au récit sans jamais ressentir de flou narratif

En bref

Ces jours qui disparaissent est un album maîtrisé qui captive de la première à la dernière page. Si on se place dans le registre du fantastique, l’auteur nous permet également de nous interroger sur ce que nous sommes en tant qu’individu, sur le sens de la vie et notre rapport au temps et à la mort.

Timothé Le Boucher vient de sortir un nouvel album intitulé Le Patient que je vais m’empresser de lire dans les jours à venir.