hautlechoeur
Roman

Haut le choeur de Gaëlle Perrin-Guillet

Gaëlle Perrin-Guillet a déjà plusieurs thrillers à son actif. Depuis 2000, chacun de ses romans fut apprécié des lecteurs et de la critique. En 2013 sort « Haut le choeur », élu Prix du Polar 2014 Dora Suarez. Peu édité à l’époque et introuvable aujourd’hui, ce thriller est réédité tout prochainement en version papier et numérique. Sortie le 14 mars 2019. Un grand merci à Joël des éditions Taurnada pour m’avoir fait découvrir cette auteure.

4ème de couverture

« Quand je sortirai, tu seras la première prévenue… Je saurai te retrouver. » Depuis qu’Éloane Frezet, la tueuse en série la plus abjecte de ces dernières années, a prononcé ces mots, Alix Flament vit dans l’angoisse que la criminelle sanguinaire s’évade de prison… Alors, quand la journaliste reçoit un coup de téléphone d’Éloane en pleine nuit, elle comprend que la meurtrière va honorer sa promesse… Une promesse de sang…

Une tueuse fanatique

Alix Flamant est journaliste dans la région de Chambéry. Si au moment où débute le récit elle se concentre à la rédaction d’articles politiques, son passé lui est tout autre. Plusieurs années auparavant, elle fût la seule à pouvoir interroger Eloane Frezet, tueuse en série la plus célèbre de son époque. Avec elle, personne n’échappait à la mort : hommes, femmes, enfants et même les animaux de compagnie. Dans le sillage de sa folie meurtrière rien n’avait survécu. Le livre qui relatait ces entretiens avec la criminelle avait donné son heure de gloire à la jeune journaliste.

6 ans plus tard, quand débute le roman, Eloane vient de s’évader de prison de manière théâtrale en laissant une fois de plus des cadavres sur son passage. La première personne qu’elle contacte est bien évidement Alix, la journaliste qui a couché sa vie de tueuse sur papier. La traque et le jeu de piste se mettent en place plongeant le lecteur dans une cavale haletante.

J’ai beaucoup aimé le choix d’une femme dans le rôle de la tueuse en série. On a plus fréquemment l’habitude de voir des hommes sanguinaires, des bêtes contrôlées par leur soif de sang et leurs pulsions perverses. Ici, la meurtrière est une femme terriblement calculatrice, manipulatrice, intelligente aimant par dessus tout brouiller les pistes et jouer avec ceux qui la traquent. Si la police et les hommes ont bien évidemment leur place dans le roman c’est avant tout l’affrontement psychologique entre ces deux femmes qui portera tout le récit.

Le jeu du chat et de la souris

Le premier tiers du roman est assez abrupt pour le lecteur. On est directement placé au coeur de l’action dès les premières pages, sans véritablement prendre le temps de connaître les personnages. Au début de ma lecture j’avais un peu de mal à m’y retrouver. Beaucoup de noms, de lieux différents. J’avais des difficultés à cerner l’héroïne notamment. Peut être un peu trop habituée à ce qu’on me dresse d’entrée de jeu sur un plateau le portrait et le passé des personnages. De même pour Eloane, cette tueuse en série dépeinte comme une des plus dangereuses de son époque. Dans les premiers chapitres, l’auteure nous livre très peu d’informations sur ses crimes, son mode opératoire, ses motivations.

La surprise vient une fois passé ce premier tiers. Petit à petit, le passé des personnages est mis en avant et le tableau prend forme. La police suit les indices disséminés par Eloane comme le Petit Poucet. La traque se met en place à un rythme fou tandis que la meurtrière souhaite achever son « oeuvre ». La deuxième moitié du roman m’a complètement happée dans sa chasse à l’homme (ou plutôt à la femme) effrénée, pleine de rebondissements. Gaëlle Perrin-Guillet sait habillement distiller les informations nécessaires à la compréhension de l’histoire et à la mise en lumière des éléments. Le rythme fou de cette traque prend fin dans un final totalement explosif.

Elle plaque tout du jour au lendemain et changea littéralement de sujet pour se consacrer au journalisme politique. Un grand écart nécessaire pour la paix de son âme. C’était il y a 6 ans. Six longues années et pas un jour sans y penser.

En bref

J’ai presque envie de comparer ce roman à un diesel. Il démarre doucement pour ensuite dévoiler toute la puissance de son moteur. Quand les éléments commencent à s’assembler et le rythme à s’emballer on peut difficilement lâcher le roman. J’aurais aimé des chapitres un tout petit peu plus courts. Je pense que cela aurait donné encore plus de rythme à l’action. Une lecture très agréable et pleine de surprises que je vous recommande chaudement.