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Roman

La dernière chasse de Jean-Christophe Grangé

Bien sûr il n’était pas évident d’enchaîner sur une nouvelle lecture après mon coup de foudre pour Les anges de Babylone. Soit. Mais pour le coup, cette lecture du dernier Grangé fût une vraie déception. Comme toujours pour les chroniques mi-figue mi-raisin je ne vais pas trop m’étendre mais je vais quand même vous expliquer pourquoi La dernière chasse et moi ça ne l’a pas fait DU TOUT.

4ème de couverture

En Forêt noire, la dernière chasse a commencé …
Et quand l’hallali sonnera, la bête immonde ne sera pas celle qu’on croit.

Remise en contexte

Le contexte d’écriture de ce roman est assez inhabituel et il convient d’éclaircir quelques points. En 2018, est produit une série télévisée franco-allemande intitulée Les Rivières pourpres. Les rivières pourpres, pour rappel, est un des premiers romans de Jean-Christophe Grangé paru en 1998. Probablement l’un de ses meilleurs romans. Il sera d’ailleurs adapté au cinéma par Mathieu Kassovitz avec le rôle de Jean Reno dans la peau du personnage principal : le commissaire Pierre Niemans. La série de 2018 est « la suite » de ce roman avec un Niemans revenu d’entre les morts qui reprend du service. Pour ces épisodes, Grangé est aux commandes et il écrit lui-même les scénarios à raison d’une enquête pour 2 épisodes. On est donc sur un schéma de série-télé procédurale qui multiplie les intrigues et les enquêtes (Comme Navarro quoi 😁). La première saison (passablement médiocre il faut le dire) a été diffusée sur France 2 fin 2018.

A la suite de cela, l’auteur a décidé de faire l’inverse de ce qui se fait d’habitude : une adaptation en roman des épisodes de la série. Un roman reprendra donc 2 épisodes. Les 4 prochains romans de l’auteur sont donc déjà tout vu… Grangé a expliqué que cela serait vraiment une réécriture, une histoire retravaillée. Franchement, à mes yeux, ce n’était vraiment pas la meilleure idée de sa carrière…

Quand l’intrigue ne décolle jamais

Sans spoiler, je vais déjà étoffer un peu cette 4ème de couverture plus que succincte. Le commandant Niemans, au placard depuis des années après son enquête à Guernon qui a failli être sa dernière (voir Les rivières Pourpres) , est ressorti des cartons pour constituer une nouvelle unité : l’OCCS. Son but est de prêter main forte aux autorités françaises dans les dossiers concernant les « crimes de sang ». Il fait donc équipe avec Ivana Bogdanovic, une trentenaire tête brûlée au passé terrible et mystérieux (original…). Leur première enquête les emmènera de l’autre côté du Rhin après qu’un riche héritier allemand ait été retrouvé assassiné dans une forêt du Jura. Le corps du jeune homme a été décapité et éviscéré selon les rituels d’une chasse à l’approche traditionnelle : « La pirsch ». Niemans et Ivana vont donc enquêter dans un milieu de chasseurs milliardaires, aux abords de la mystérieuse et glaçante Forêt Noire allemande.

Le topo de base était clairement alléchant : un meurtre rituel dans une sombre forêt allemande, des rumeurs sur des traditions de chasses ancestrales, un flic bourru et sa partenaire prête à en découdre avec tout ce qui bouge. Oui, mais malheureusement l’action n’est pas au rendez-vous et l’ennui m’a très vite gagnée dès le début de ma lecture.

Vous allez me dire : oui mais il n’y a pas que l’action, l’atmosphère d’un roman c’est également très important. Ce n’est pas faux, mais sur ce point je trouve également que tout n’a été que survolé. On nous laisse entrevoir des forêts dangereuses et mortelles sans jamais s’attarder assez pour créer un sentiment de malaise chez le lecteur. On effleure l’ésotérisme et les légendes en les balayant trop vite d’un revers de main. L’enquête se résume à une succession d’interrogatoires et de fausses pistes à suivre. Les chapitres ont beau être courts, le rythme n’y est pas. Si j’avais adoré le personnage de Niemans dans Les rivières pourpres il n’est ici plus que l’ombre (ou la caricature) de lui-même.

« V’la le topo, lui avait-on dit en substance, y a de plus en plus de crimes cinglés aux quatre coins de la France, les cruchots s’en sortent pas. On va monter un Office central qui pourra envoyer des gars de Paris dans tout l’Hexagone. Des flics aguerris, détachés, au cas par cas, auprès des services de gendarmerie. »

En bref

J’attendais beaucoup de cette lecture, j’attendais beaucoup de Jean-Christophe Grangé mais malheureusement pour ce roman c’est une déception. La seconde moitié du livre est un petit peu plus accrocheuse et c’est ce qui m’a empêché d’arrêter ma lecture en court de route car je voulais tout de même connaître la fin. Fin que j’avais finalement deviné vers la page 100. Je ne sais pas si le fait que ce roman ait été écrit d’après un scénario a joué en sa défaveur, mais le rythme n’y est pas. Je me suis traînée sur 5 jours pour le lire alors qu’en temps normal pour 400 pages deux jours et c’est plié.

En revanche, le style très littéraire de Jean-Christophe Grangé est toujours présent. Une écriture travaillée, des éléments très métaphoriques et symboliques qui pour le coup viennent un peu renforcer l’atmosphère mystérieuse du roman.

Ce livre n’était pas pour moi mais comme toujours, si le roman vous tente, lisez-le et faites-vous votre propre avis 😉.