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Roman

La nostalgie du sang de Dario Correnti

Dernièrement, j’ai un peu accumulé les lectures atypiques. Parfois pour de magnifiques découvertes, parfois pour des ressentis un peu mitigés. Alors, j’ai eu envie d’une lecture « confort ». La base pour moi : une enquête, un tueur en série et des cadavres. Ma lecture « bonbon » par excellence. Alors quand La nostalgie du sang est sortie la semaine passée, le 29 mai, je me suis ruée dessus sans savoir que je tenais une pépite entre mes mains.

4ème de couverture

 Une série de crimes sauvages bouleverse Bottanuco, une petite ville du nord de l’Italie. Des cadavres de femmes mutilées, des signes de cannibalisme, des aiguilles disposées comme dans un rituel magique… Alors que la police se perd en fausses pistes et que l’insaisissable meurtrier continue de frapper, deux journalistes s’emparent de l’affaire : Marco Besana, un grand reporter menacé de retraite anticipée, et Ilaria Piatti, une stagiaire méprisée de la rédaction mais incroyablement douée pour traquer les coupables.
C’est Ilaria qui réalise qu’il pourrait s’agir d’un imitateur de Vincenzo Verzeni, le tout premier tueur en série italien de la fin du XIXe siècle. Mais qu’est-ce qui peut bien relier les victimes à ce tueur mort il y a plus d’un siècle ?

Un duo magistral

Marco Bessana, 58 ans roule sa bosse dans la rédaction d’un des plus grand quotidien papier d’Italie depuis plus de 20 ans. Les affaires criminelles n’ont plus de secrets pour lui. Depuis tout ce temps, il en a vu des cadavres, des tueurs fous. Ce métier c’est sa vie, ses tripes. Il lui a tout donné tout laissé. Mais à quelques mois d’un départ forcé en pré-retraite une dernière enquête va chambouler sa vie et sa vision du métier.

Ilaria Piatti, surnommée « Morpion », est une petite stagiaire de 27 ans. Jeune fille un peu empotée et fagotée pire qu’en Desigual intégral (pardon pour ceux qui me lisent et qui en porte) elle est la risée de la rédaction du journal. Personne ne la prend au sérieux, personne ne croit en elle. Son rêve, c’est le journalisme en affaires criminelles. Pour elle, Bessana est un mythe, un dieu qu’elle ose à peine approcher. Pourtant une enquête hors norme va lui donner le courage de l’appeler pour lui fournir une intuition capitale. Le duo le plus improbable de Milan vient de naître.

Ce duo c’est plus qu’un coup de cœur, c’est un coup de foudre pour moi. Deux personnages qui s’allient à la perfection. Une osmose narrative comme j’en ai rarement lu. Bien souvent, dans les binômes, un des deux prend le pas sur l’autre. Ici, rien de tout ça. Marco et Ilaria s’équilibrent, se complètent. Ils ont tous deux leurs failles, leurs rêves, leur personnalité et sont tout simplement profondément humains. Les répliques, ironiques de l’un et l’autre m’ont souvent fait sourire, parfois rire. Petit à petit ils se découvrent, s’apprivoisent et comprennent l’un et l’autre que la meilleure chose qui pouvait leur arriver à cet instant de leur vie c’est leur rencontre et cette enquête.

Un autre regard

Que c’est bon de suivre une intrigue criminelle sans le prisme omniprésent du système judiciaire. Ici, pas de commissions rogatoires, de perquisitions à gogo et d’arrestations musclées. Tous les rouages habituels d’une enquête criminelle classique sont relégués au second plan. Les vrais héros de ce roman ce sont les journalistes. Dans la campagne isolée de la périphérie de Milan, ils vont se lancer avant tout dans une quête de vérité.

Lorsqu’un cadavre de femme est retrouvé, éventré, en partie mangé avec d’étranges épingles disposées autour, les médias se mettent en alerte. C’est Ilaria la première qui fait le rapprochement avec une série de meurtres survenus dans les années 1870. Pas n’importe quels meurtres puisqu’ils sont attribués à un homme qui sera considéré comme le premier serial-killer d’Italie. Alors que les cadavres s’accumulent dans la campagne milanaise, Marco et Illaria vont multiplier les recherches pour apporter chaque jour à la rédaction les nouvelles révélations de cette enquête qui terrifie l’Italie.

Le livre est purement et simplement inlâchable. Une fois la première page tournée, il faudrait presque une alerte incendie chez vous pour vous faire décrocher des pages. Moi, il ne m’aura fallu que deux soirées pour engloutir les 500 pages. Le rythme est donné par des chapitres très courts de 3 à 5 pages maximum qui rendent cette histoire complètement addictive. Alors oui, certains petits détails auraient pu être creusés, d’autres auraient pu être évités. Peut-être que la fin aurait pu être un peu plus subtile. Mais l’ensemble est tellement magistral que les quelques petits défauts sont presque invisibles, noyés par tant de qualités.

– […] Maintenant que j’y pense, la première fois que j’ai fait la une, c’était justement un serial killer. Et je crains bien de finir ma carrière sur un autre serial killer. La boucle est bouclée. Je me demande si j’aurai la nostalgie du sang, quand je partirai à la retraite.

En bref

Après seulement 20 pages, je savais que j’allais engloutir ce livre à la vitesse de l’éclair et que je ne pourrais le lâcher que difficilement. La force de roman est incontestablement ce duo d’enquêteurs auquel je me suis vraiment attachée. Un binôme d’un nouveau genre qui restera une référence dans ma mémoire de lectrice. Ce thriller est une vraie pépite et je n’espère qu’une chose : que l’auteur nous écrive prochainement une nouvelle aventure du duo de choc Bessana/Piatti. Leurs dialogues cyniques me manquent déjà. Pas vraiment besoin de le dire mais bien évidemment je recommande !