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Roman

Le colis de Sebastian Fitzek

Si je ne connaissais pas l’auteur, je pense que seule la couverture de ce thriller aurait réussi à m’intriguer. Un joli colis avec une étiquette Colissimo. Un colis plein de mystères. Mais mes précédentes lectures de cet auteur m’ont incitée à sauter le pas le jour de la sortie de ce nouveau roman. Il ne m’aura fallu qu’un seul après midi, un plaid et quelques tasses de café pour engloutir ce thriller psychologique complètement addictif.

Avant de démarrer juste une petit point rédaction. J’écris mes chroniques en deux temps. D’abord je rédige le premier jet à chaud, souvent à peine quelques heures après avoir refermé le livre. Ensuite, je laisse passer quelques jours et je reviens sur l’article. Parfois mon avis ne change pas, parfois au contraire ces quelques jours de réflexions me permettent de moduler mon avis dans un sens ou dans l’autre. Si je vous explique cela, vous vous en doutez, c’est que c’est ce qu’il s’est passé pour cette lecture.

4ème de couverture

Depuis qu’Emma Stein a été violée dans une chambre d’hôtel, la jeune psychiatre est incapable de sortir de chez elle. Elle a échappé à un psychopathe que la presse surnomme « le coiffeur » pour son obsession maniaque à scalper les jeunes femmes qu’il tyrannise, avant de les assassiner sauvagement.
Désormais, elle vit dans l’angoisse de croiser sa route à nouveau et croit le reconnaître en chaque homme qu’elle rencontre… bien qu’elle n’ait jamais pu voir son visage.
Il n’y a qu’un seul endroit où elle se sente en sécurité : sa maison en bord de lac, dans la banlieue de Berlin. Jusqu’au jour où le facteur lui demande d’accepter un colis pour son voisin. Un homme dont elle n’avait jamais entendu parler, bien qu’elle vive dans sa rue depuis des années…

Le jour où tout bascule

Le livre débute par une scène nous présentant la jeune Emma, 6 ans. La petite fille est en proie à des terreurs nocturnes et est effrayé par un fantôme nommé Arthur qui se cache dans son placard. Mais ses parents, et notamment son père, glacial, distant, ne se préoccupe que peu de ses angoisses d’enfants. 28 ans plus tard, Emma est devenue une psychiatre reconnue. Elle est mariée à Phillip, l’homme de sa vie et enceinte de leur premier enfant lorsque le pire va se produire. Un soir, après un congrès de médecine, elle est agressée dans sa chambre d’hôtel. L’intrus après l’avoir violée s’appliquera à lui raser le crâne. Elle vient de croiser la route du « Coiffeur ». Mais pourtant, contrairement à ses autres victimes, Emma sera épargnée et aura la vie sauve.

Petite ellipse et on retrouve Emma 6 mois plus tard. La psychiatre n’est plus que l’ombre d’elle même, enfermée depuis son agression dans une paranoïa aiguë. Lorsque l’auteur revient dans l’instant présent, on comprend que l’héroïne est en pleine séance avec un de ses proches amis, un avocat. Cet entretien, nous amène vite à la conclusion qu’Emma n’est pas ici en tant que victime mais en tant que suspecte. Bien d’autres événements ont eu lieu depuis cette nuit de l’horreur dans ce grand hôtel Berlinois. L’histoire complète elle va la raconter à son avocat et au lecteur, au travers du prisme de ses angoisses, de sa folie naissante… Tout a commencé quand le facteur lui a confié ce fameux colis.

Un huit clos mental

Les faiblesses psychologiques de la psychiatre teintent le récit de bout en bout. A l’instar des souvenirs d’Emma, les scènes sont parfois volontairement hachées, confuses, violentes. La paranoïa et les crises d’angoisses du personnage m’ont gagnées dès le début de ma lecture. On en vient à retenir sa respiration lorsqu’une porte claque ou que la sonnette de la porte retentis. Le monde est suspendu aux bouffées d’angoisses d’Emma. Sa maison est devenue son refuge, son lieu sûr mais également sa prison. On se sent étouffé tout au long de la lecture, guettant comme elle le moindre bruit ou signal d’alerte.

Tout comme l’esprit du personnage principal, c’est une histoire complexe que nous propose l’auteur. Une intrigue à 100 à l’heure qui vous forcera à tourner les pages encore et encore. Les chapitres courts, pleins de rebondissements donnent une vraie dynamique au récit et font de ce roman un vrai page-turner. Fitzek joue véritablement avec le lecteur. On ne sait plus qui croire. Emma est-elle véritablement en danger ou bien est-ce seulement le fruit de son imagination. A-t-elle tout inventé ? Pourquoi ? Ce sont toutes ces questions qui vous tiendront en haleine jusqu’au dernières lignes. Alors oui, on est parfois face à des explications et des tournures un peu « what the fuck ». Quelques fois je me suis dis : « Non mais sérieusement en vrai c’est impossible que ça se passe comme ça ». Mais c’est une fiction, et il faut jouer le jeu de l’auteur et surtout de l’esprit malade de l’héroïne.

Une étincelle manquante

Mon seul reproche serait le dénouement que j’ai trouvé bizarrement un chouia trop long. Après le rythme effréné de tout le roman, la conclusion s’étire un peu trop en longueur. Comme un besoin de bien tout expliquer, de tout rationaliser. Pour moi, ce thriller psychologique très bien ficelé demandait une fin beaucoup plus abrupte, plus brutale. Peut-être même l’auteur aurait-il du laisser le trouble dans l’esprit du lecteur. Mais vous avez du le comprendre au fil des articles, je suis très difficile sur les dénouements de thriller.

Si ce roman m’a complètement absorbée durant tout le temps de la lecture, il ne me laisse cependant pas un souvenir impérissable. La construction de ce thriller psychologique reste finalement assez classique avec une héroïne qui crie au danger et des antagonistes qui mettent tout sur le compte de sa folie. Seulement quelques jours après ma lecture, j’avais déjà oublié un certains nombres d’éléments de l’histoire. Pour moi, c’est un signe assez révélateur. Ce roman ne m’a pas assez surprise, assez marqué dans sa construction et ses événements pour que j’en garde un souvenir précis. Il manquait une étincelle, un brin de folie (sans jeu de mots ^^) dans le scénario, peut être un peu moins de caricature pour que le charme opère vraiment sur la durée. Peut être que j’ai lu un peu trop de thrillers psychologiques et notamment domestiques ces derniers temps et que je deviens un peu lassée et/ou difficile.

Le colis est un thriller assez « doux ». Ici, pas de déferlement de cadavres et d’hémoglobine. La douleur et la violence est avant tout mentale. C’est finalement un thriller psychologique (voir même domestique) que je pourrais qualifier de « tout public ».

Elle pourrait peut-être supporter la présence de l’objet étranger dans sa maison. Il changerait le cours de sa journée et bouleverserait son état affectif, mais le problème n’était pas le colis en lui-même.
C’était le nom.
Son pouls s’affola de plus en plus, ses mains devinrent moites ; à deux doigts de fondre en larmes, elle fixa des yeux l’adresse du destinataire.

En bref

Le colis est un bon thriller psychologique qui vous tiendra quelques heures en haleine. Cette terrible maladie qu’est la dépression paranoïaque entre en écho avec les événements du récit et participe à la création d’une ambiance complètement oppressante. Emma est un personnage très attachant qui contribue à cette envie de connaître le maître mot de l’histoire. Le lecteur, comme les médecins, veulent démêler le vrai du faux et entrer dans la tête de la jeune femme pour en décrypter tous les souvenirs. Si l’intrigue en soit n’est pas une réelle révolution du genre, elle a cependant le mérite de vous tenir vraiment en haleine et de vous faire passer un très bon moment durant tout le temps de la lecture. Malgré ces quelques petits points négatifs, je vous recommande tout de même ce thriller pour vos soirées sous un plaid. Mais avant vérifiez bien que toutes les portes soient correctement fermées…