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Roman

Le diptyque des limbes d’Olivier Bal

Aujourd’hui je vous parle non pas d’un mais de deux romans. D’un thriller fantastique en deux parties qui chamboulera votre vie de lecteur. Il suffit d’une oeuvre pour marquer de son empreinte tout un registre littéraire. Il suffit d’une oeuvre pour devenir la référence d’une thématique. Bernard Werber est celui qui, avec ses Thanatonautes, a parcouru les mystères de l’au-delà. Olivier Bal est maintenant celui, qui avec ses « Éveillés », a exploré l’univers si brumeux de nos rêves. Incontestablement une oeuvre que je n’oublierai jamais. Laissez-moi vous emmener un bref instant découvrir les limbes. En avant pour cette chronique aux reflets bleutés.

Olivier, si vous me lisez, j’espère que je ne fais pas une bêtise en employant le terme de diptyque pour parler de vos deux romans. Pour moi le terme s’y prêtait tellement bien : une oeuvre littéraire en deux parties, complémentaires et qui se répondent. Le terme idéal à mes yeux 😉

4ème de couverture

Tome 1 : Les limbes

Vietnam, 1970. James Hawkins est une jeune recrue. Durant un assaut, il prend une balle dans la tête et croit mourir. Après un mois de coma, et tandis qu’il essaie de se rétablir dans un hôpital de Saigon, il découvre que quelque chose s’est éveillé en lui. Ses nuits deviennent des épreuves, son sommeil et ses rêves ne lui appartiennent plus. Désormais, lorsqu’il dort, il visite les songes des autres… Seuls les médicaments l’empêchent de rêver. Un an plus tard, un ancien frère d’armes, Nate Irving, vient frapper à sa porte. Il est venu le chercher pour participer à un projet secret sous la supervision de la CIA : Les Limbes. Direction une base perdue au fin fond de l’Alaska où James, accompagné d’autres individus dotés des mêmes capacités, va commencer à maîtriser ses aptitudes. Il découvrira ainsi qu’il peut non seulement explorer les rêves d’inconnus mais surtout en prendre le contrôle et les modifier. Mais certaines portes devraient rester fermées à jamais… 

Tome 2 : Le maître des limbes

Que se passe-t-il réellement lorsque vous vous endormez ? Quand vous plongez au cœur de vos rêves, êtes-vous certain de ne pas être manipulé ?
Il existe, aux quatre coins du monde, certains individus dotés d’une incroyable aptitude : ils peuvent contrôler les rêves des autres.
En tentant de percer le secret de nos songes, plusieurs personnages vont faire une découverte qui pourrait changer à jamais le cours de l’histoire.
Lee, une journaliste, enquête sur le virus du Marchand de sable, une étrange épidémie qui ne touche que des enfants.
Gabriel, un adolescent narcoleptique isolé des autres, a la sensation qu’il peut visiter et modifier les rêves d’inconnus.
James, à la tête de l’empire pharmaceutique ONIR, poursuit en secret des expériences débutées trente ans auparavant…
Tandis que la CIA et la NSA se mènent une guerre secrète pour obtenir le contrôle des Limbes, au plus profond de leur sommeil, nos héros devront choisir leur camp. Une bataille se prépare, car qui contrôlera les rêves, contrôlera le monde.

Au cœur des rêves

Imaginez-vous un monde, où depuis près de 50 ans, le mystère de nos rêves a été percé. Un monde où une poignée d’hommes sur Terre gardent jalousement le secret du voyage dans les songes des autres. Ce monde c’est celui que nous dévoile Olivier Bal.

Tout commence au Vietnam en 1970, lorsqu’un ancien militaire, blessé au combat, se retrouve enrôlé par une mystérieuse organisation. Depuis quelques temps, James rêve de lieux étranges. D’une immense caverne parsemée de cristaux d’un bleu éclatant. Un lieu oublié de tous qui lui donne accès aux rêves des autres. James a découvert la Nef, ce lieu central des limbes, le point d’entrée vers tous les rêves de l’humanité. Le premier tome de ce diptyque nous fait donc découvrir la genèse de cet immense projet, comment tout a commencé il y a 50 ans. Mais certains secrets n’auraient pas dû refaire surface, certaines terres n’auraient jamais dû être foulées à nouveau.

Le maître des limbes prend place 38 ans après les événements de 1970. Nous sommes en 2008, dans un monde qui n’a pas été le nôtre il y a 10 ans. Dans le 2008 d’Olivier Bal, un curieux virus se répand partout sur Terre. Des enfants entre 7 et 12 ans sont touchés par la maladie du Marchand de sable. Ils s’endorment un soir pour rester plonger indéfiniment dans un sommeil profond. Les hôpitaux sont remplis de ces « dortoirs » étranges où des milliers d’enfants sont prisonniers de leur sommeil. Comment en est-on arrivé là ? Qui sont les responsables ? Les destins de 4 personnes semblent intimement liés à ce terrible phénomène. James, Gabriel, Lee et Clyde sont au cœur de cette tempête qui frappe le royaume des Limbes.

Bien plus que des personnages

James, vous le connaissez déjà, c’est par lui que tout a commencé en 1970. Lee est une femme de 37 ans, journaliste, qui cherche à faire éclater la vérité sur cette maladie qui frappe les enfants du monde entier. Gabriel est lui un enfant de 16 ans, rejeté de tous à cause de sa narcolepsie et qui va se découvrir un immense pouvoir dans l’univers des limbes. Et Clyde… Clyde on ne sait pas vraiment qui il est, ce qu’il est. Je vous laisserai le découvrir.

Les limbes nous avaient déjà permis de nous attacher au personnage de James. Quand il fait sa première apparition dans Le maître des limbes, c’est un visage connu. On sait déjà. Pour les 3 autres, l’attachement est immédiat. Olivier Bal nous propose une fresque de personnages terriblement humains qui nous permet de nous ancrer immédiatement dans l’histoire. L’auteur fait le choix, dans ses deux romans, d’utiliser le présent ainsi que l’emploi de la première personne. Ce choix de narration est diaboliquement intelligent. Il nous permet de nous rapprocher un peu plus de la personnalité des protagonistes, de vivre l’action à leur côté et de s’immerger très rapidement dans leurs destinées. J’ai eu de l’affection pour chacun d’entre eux. Malgré leurs parcours parfois tragiques et terrifiants. Dans le second tome, les chapitres alternent entre les différents personnages qui prennent la parole. Chaque fois, j’étais triste de laisser l’un d’entre eux mais heureuse de rejoindre un autre. James, Lee, Gabriel et Clyde me manquent déjà.

Originalité. Fluidité. Perfection

L’histoire, l’intrigue, parlons-en (sans spoiler comme toujours ici 😉). Au fil de ces deux romans, nous suivons une trajectoire de l’humanité toute entière à travers la destinée de 4 personnages. Ce diptyque des limbes, ce n’est pas un « simple » thriller fantastique c’est bien plus que cela. C’est une immense réflexion sur la nature même de l’Homme et sa cupidité millénaire. Oui, certaines choses doivent rester cachées à jamais si merveilleuses soient-elles car, l’Homme, sous couvert de bonnes intentions, semble toujours souiller les plus magnifiques découvertes. Alors, imaginez un monde où certains peuvent explorer les rêves des autres, les modeler à leur envie, les influencer et même prendre le contrôle de leur corps dans leur sommeil. Imaginez ce que les gouvernements, ce que des agences comme la CIA feraient de cette capacité. C’est une épopée hypnotisante et glaçante qui prend vie sur ces pages.

Plus de 800 pages de lecture avec ces deux tomes et pas un seul temps mort. L’histoire est d’une fluidité hallucinante. C’est une plume magistrale, vivante, captivante, travaillée. Le rythme ne s’essouffle jamais et les moments de mises en place et d’explications historiques ou mythologiques suscitent autant d’intérêt que les passages d’action pure. D’ailleurs, l’auteur nous amène si docilement d’événement en événement que les rebondissements sont des chocs incroyables. Celui de la page 465… Pire qu’un choc, un énorme uppercut. Seulement deux lignes avant, je n’avais toujours rien vu venir. Pourtant une fois la révélation encaissée, je me suis dit « mais oui bien sûr, tout prend sens ». C’est là, la force incroyable de l’écriture d’Olivier Bal. Nous offrir des révélations qui nous laissent totalement bouche-bée mais d’une cohérence absolue. Si certains auteurs choisissent de flirter avec l’invraisemblance pour provoquer l’étonnement du lecteur, ici c’est la réalité qui nous frappe de plein fouet. Quel talent !

Le dénouement final, je ne l’aborderai même pas pour vous laisser intact ce sentiment magique où tout s’imbrique parfaitement. Une envolée d’une petite centaine de pages qui nous emmène vers une fin magistrale, parfaite. Il est extrêmement rare qu’après avoir refermé un roman, je me dise que je le relierai un jour. Pourtant, seulement quelques heures après tourné la dernière page, je suis déjà nostalgique des limbes, de cet univers et de ses personnages.

Le monde a choisi les ombres là où je lui offrais la lumière. Il est une chance, il est toujours un fol espoir que quelqu’un m’ait entendu rétablisse enfin l’équilibre. Il est une chance, un fol espoir que l’enfant qui viendra fasse à nouveau jaillir la lumière dans ces cités éteintes.

En bref

Quel immense coup de foudre ! Un thriller fantastique que je n’oublierai jamais, dont les détails resteront ancrés dans ma mémoire. Une prouesse à une époque où beaucoup de thrillers se suivent, se ressemblent et s’oublient bien vite.

Si j’ai pu lire ici et là que Le maître des limbes pouvait être lu de manière indépendante, je vous le déconseille plus que fortement. Les limbes est une genèse nécessaire, un avant-goût magistral et le point de départ de l’insoupçonnable. Sans ce premier tome, vous passerez à côté de nombreux petits détails indispensables à la compréhension globale.

J’ai passé un moment de lecture tout simplement magique et d’une perfection rare. Si bien qu’hier soir, je me suis endormie en espérant plus que tout pouvoir rêver de la Nef et de ses cristaux bleus un bref instant 😉 J’espère que vous aussi, prochainement vous répondrez à l’appel des limbes.

coupdecoeur