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Roman

Les Marcheurs de Frédéric Mars

Comment réagirait l’Amérique si du jour au lendemain des inconnus se mettaient à exploser à leur insu aux quatre coins du pays ? A quoi ressemblerait une Amérique à feu et à sang traquant des terroristes sans visages ? C’est ce que Frédéric Mars nous raconte dans Les marcheurs. Je vous préviens c’est complètement fou !

4ème de couverture

9 septembre, Manhattan. Un homme ordinaire reçoit une enveloppe anonyme et se met à marcher en direction du métro. À peine s’est-il arrêté sur le quai de la station qu’il explose, semant la mort autour de lui. Très vite, les mises en marche et explosions de ce genre se multiplient à une allure folle. Sam Pollack et Liz McGeary, les deux agents chargés de l’enquête, doivent admettre qu’ils sont confrontés à une attaque terroriste d’une envergure inouïe. Une attaque non revendiquée et d’autant plus difficile à contrer qu’elle transforme des innocents en bombes humaines, faisant d’eux les agents de ce scénario apocalyptique. Tous se sont vu implanter un pacemaker piégé dans les deux dernières années. Tous reçoivent ces fameuses enveloppes kraft et se mettent à marcher. S’ils s’arrêtent, la charge explosive se déclenche, où qu’ils soient, quels que soient leur âge, leur sexe et leur couleur de peau. La cavale sans fin de ceux qu’on appelle les marcheurs de la mort ne fait que commencer. 

The Death Walkers

720 pages. 3 jours d’histoire du 09 au 11 septembre 2012. 3 jours en apnée dans une Amérique encore meurtrie par les attentats du 11 septembre 2001, 11 ans plus tôt. Cette fois les terroristes ne s’attaquent pas à d’immenses tours symboles de la superpuissance américaine. Non, cette fois, ils s’attaquent à des gens comme vous et moi, les transformant tour à tour en bombe humaine à leur insu. Quand ils reçoivent cette enveloppe de papier kraft, ils n’ont que quelques minutes avant l’activation du mécanisme. Après quoi, ils n’auront d’autres choix que de marcher, sans jamais s’arrêter, pour éviter l’explosion du pacemaker piégé qui fait battre leur cœur.

C’est une une vision terrorisée et chaotique de l’Amérique et de ses institutions que nous propose l’auteur. En quelques heures, le plus puissant pays du monde sombre dans le chaos, attaqué dans son cœur. L’action se déroule principalement à New-York, lieu de la toute première explosion à 8h30 ce matin du 9 septembre. Petit à petit, alors que les explosions se multiplient aux quatre coins du pays, les rues se vident, ne laissant la place qu’à ces innocents, forcés de marcher pour survivre : les marcheurs de la mort. Face à des kamikazes involontaires et des commanditaires fantômes, les différentes agences gouvernementales vont devoir s’allier et travailler de concert pour endiguer ces événements apocalyptiques.

Sam Pollack, héros de la NYPD

Au début du roman, l’auteur nous propose un lexique de deux pages, nous présentant les différentes agences gouvernementales en jeu, ainsi que tous les protagonistes du roman, leur métier. J’ai trouvé cette idée tout bonnement géniale. Tout d’abord pour le message qu’elle envoie : « Retiens bien tous ces noms, tous ces personnages qui vont tenter de sauver l’Amérique. T’es prêt ? Alors c’est parti ! ». Au fil de la lecture, les personnages et les différents services d’état se multipliant, je revenais souvent à ce petit lexique pour bien replacer chaque personnage dans son contexte. Cela m’a permis de vraiment garder toujours le fil de l’histoire et d’être complètement immergée dans cette course contre la montre. Un glossaire des différents acronymes gouvernementaux est également disponible à la fin du livre.

Au milieu de cette foule de personnages, il y en a un qui se dresse au rang de personnage principal : Sam Pollack. Présent malgré lui sur le lieu de la première explosion, il sera rapidement entraîné dans les rouages de l’administration américaine. Lui, « simple » capitaine de la police de New York, se voit embarquer dans l’enquête au côté du FBI, de la Sécurité Intérieure et de la NSA dans ce qui semble être la plus grande attaque terroriste de l’histoire depuis le 11 septembre. Sans trop vous en dire, son implication personnelle dans cette folie meurtrière, ne fera qu’accentuer le côté humain du personnage. En trois jours, il va tout côtoyer, l’horreur, le désespoir, la peur, la douleur et pourtant il va rester debout avec l’espoir de sauver tous ces innocents.

La forme au service du fond

Je dois avouer que les thrillers terroristes sur fond de géo-politique ne sont habituellement pas mes lectures de prédilection. Pourtant Frédéric Mars a su créer une intrigue passionnante malgré sa complexité apparente. Il a utilisé de nombreuses formes d’écriture pour accentuer l’urgence de la situation qui se déroule. Je pense notamment aux pages coupées en deux qui relatent deux conversations ou deux événements en parallèle. C’est d’un génie sans nom ! De même, les chapitres sont très courts, toujours débutés par un titre indiquant l’heure précise et le lieu de l’événement. Un véritable compte à rebours imprimé sur les pages. Une tension permanente, une urgence vitale rappelée régulièrement au lecteur.

Je dois avouer que l’histoire est un sans faute qui m’a captivée de la première à la dernière page me donnant quelques palpitations au passage… Si je devais faire un seul petit reproche il s’agirait de la fin (oui encore et toujours mon insatisfaction presque chronique sur les dénouements) que j’espérais un tout petit peu plus explosive au vue du reste du roman. Mais franchement, c’est vraiment pour pinailler car le fin mot de l’histoire m’a totalement convaincue. J’étais presque à deux doigts de lâcher ma petite larme à certains passages…

A l’horreur ressentie s’ajoutait une incapacité totale à appréhender la situation dans son ensemble. Si la cadence des explosions ne faiblissait pas, et s’ils ne mettaient pas au plus vite un visage sur leur ennemi, alors ils ne maîtriseraient plus rien. Il seraient condamnés à compter les attentas et les morts, heure après heure, spectateurs de leur propre déchéance.

En bref

Jack Bauer n’a qu’à bien se tenir, Sam Pollack a pris la relève pour sauver l’Amérique. Les Marcheurs est un roman totalement percutant. 720 pages qui pourraient presque se lire d’une traite si le corps humain n’était pas forcé de manger et dormir. L’écriture, à l’image de l’intrigue, est explosive et ne laisse aucun répit au lecteur qui voit les heures s’écouler et les morts s’entasser au fil des pages. Si vous aimez ce type de thriller ou si vous souhaitez sortir de votre zone de confort, je ne peux que vous encourager à vous procurer au plus vite ce livre. Au-delà de vivre une histoire intense, à 100 à l’heure, vous apprendrez énormément de choses sur les institutions américaines et la géopolitique actuelle. Prévoyez de vous libérer un certain nombre d’heures de lecture car une fois le compte à rebours lancé, vous aurez bien du mal à quitter New-York.