Ce que j’aime avec la maison d’édition Sonatine c’est qu’elle publie toujours des registres très différents. Chez eux, les romans offrent une diversité assez incroyable tout en restant toujours dans le registre du noir. J’adore leur ligne éditoriale. Mais forcément tout ne peut pas forcément toujours plaire à tout le monde.
Aujourd’hui, direction les Etats-Unis des années 50 pour une Expérience certes originale mais souffrant de quelques défauts.
4ème de couverture
Une mémoire inépuisable, des capacités démultipliées, que feriez vous à la place de Ned Sweeney?
New York, de nos jours. Ray Sweeney ignore presque tout de son grand-père Ned. Sauf que celui-ci a mis fin à ses jours en sautant par la fenêtre d’un hôtel de Manhattan. Lorsqu’il rencontre Clay Proctor, ex-conseiller de Richard Nixon qui semble avoir bien connu Ned, celui-ci a une autre histoire à raconter : celle d’une drogue mystérieuse expérimentée par la CIA, démultipliant l’intelligence de ses utilisateurs.
New York, années 1950. Employé dans une agence de publicité de Madison Avenue, Ned vit une expérience des plus particulières. Cobaye involontaire de la CIA, il pénètre les arcanes de la haute société, rencontre Marlon Brando et Marilyn Monroe, voit son horizon s’élargir de façon littéralement hallucinante. Mais combien de temps peut-il tenir un tel rythme, et à quel prix ?
Un déséquilibre marqué
Si vous cherchez une lecture facile, fluide, on peut dire que ça commence mal… Je dois avouer que j’ai vraiment eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire… et à y rester d’ailleurs. Nous faisons tout d’abord la rencontre de Ned Sweeney dans les années 50. Un publiciste talentueux qui va faire l’expérience d’une drogue mystérieuse concoctée par la CIA : le MDT-48. Pas de jolis poneys roses au programme mais plutôt des capacités démultipliées, une compréhension totale des choses et une intelligence accrue. Forcément, le petit Ned va vite devenir accro.
Après le premier trip neuronal de Ned, nous sommes propulsés dans la deuxième timeline, à notre époque. Cette fois si c’est le jeune Ray Sweeney qui occupe la place centrale. Petit fils de Ned, il bosse dans l’analyse des données au service des politiciens. C’est d’ailleurs au cours d’une de ces missions qu’il va découvrir des informations concernant le suicide de son grand-père. Enfin suicide… pas tant apparemment.
Premier point négatif à évoquer : un déséquilibre assez marqué entre les deux timelines. L’alternance passé-présent est un processus très courant en littérature mais il faut impérativement que l’équilibre soit respecté. Pour moi, dans le cas de ce roman, ce ne fût pas le cas. Très vite, j’ai attendu avec impatience les chapitres dans le présent, suivant l’enquête de Ray pour faire la lumière sur la mort de son grand-père. Moi qui aime tant l’ambiance US des années 50, je me suis relativement ennuyée lors de ces chapitres. Je veux bien que le mec soit sous psychotrope mais quand même. Le style était relativement lourd, le récit très dense et j’ai vraiment eu besoin de me concentrer, voire même de relire plusieurs fois certains passages.
Je veux des paillettes dans le récit Kevin !
Maintenant qu’on a soulevé le problème de la forme, passons au fond. Concernant les thématiques, il y a du bon et du moins bon. Je m’attendais vraiment à un aspect « complot et manipulation » beaucoup plus marqué. Effectivement on parle bien d’un programme top secret de la CIA mais le sujet n’est pas aussi développé qu’on pourrait le penser. Sans spoiler, à un moment de l’histoire nous faisons la rencontre d’un personnage adepte des théories du complot. Et bien ce personnage et ce passage était captivant ! Malheureusement vite balayé d’un revers de la main…
Finalement, plus que le complot, ce sont le business et la politique qui sont les thématiques les plus présentes de ce roman. Sur certains aspects, c’était réellement passionnant notamment lors des chapitres dans les années 50. Effectivement, l’auteur met de nombreuses personnalités historiques sur la route de ce cher Ned Sweeney. Si évidement je connais Marilyn Monroe ou Marlon Brando, je me suis retrouvée à chercher sur Google des personnalités publiques bien peu connues de l’époque. Et oui que voulez-vous, j’aime bien avoir toutes les cartes en mains pendant une lecture ! Je suis un peu « jusqueboutiste ».
Donc, là encore, un petit déséquilibre concernant les thématiques. Même si beaucoup de références étaient passionnantes, j’aurais aimé quelques passages peut être un peu plus légers, moins denses, moins formels. Les personnages sont très nombreux et j’avais parfois l’impression d’être un peu paumée dans cette histoire. Enfin c’est surtout valable pour la partie dans les années 50. Pour la partie dans le présent, je n’ai pas grand-chose à redire. C’était bien rythmé et intéressant. Bon, le personnage principal a un petit peu le charisme d’une huître mais ça ce n’est pas forcément important. En revanche, la fin est vraiment rapide, brutale et un peu facile à mon goût. Dommage.
En bref
Si vous avez lu cette chronique en entier, vous devez-vous dire : la vache elle est remontée. Pas tant que ça en réalité. Certes, le roman souffre à mes yeux de certaines lacunes mais l’originalité du propos en fait une expérience littéraire assez intéressante. Oui c’est relativement une déception mais ce n’est pas un coup de gueule. Le travail de l’auteur est considérable sur plein de points et notamment sur son travail de recherche. Mais, j’aurais aimé un peu plus de peps, de suspens, d’action et de mystère. Le résultat était un peu trop « lourd » pour moi et cette lecture s’est révélée moins divertissante que ce que j’avais espéré à la lecture de la 4ème de couverture.
Comme toujours mon avis est purement personnel et je suis vraiment persuadée que ce roman pourra plaire à énormément de lecteurs. Si les sujets abordés vous tentent alors n’hésitez pas à vous faire votre propre avis.
Oh je connais A.Glynn, je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de « Champs de ténèbres » ? C’est le 1er roman d’Alan Glynn autour de la MDT48, il a été adapté en film sous le titre « Limitless » en 2011 (avec Bradley Cooper et De Niro!). J’avais lu « Champs de ténèbres » du coup car j’avais bien aimé le film, et sa timeline à lui à du coup l’air de se situer pile entre celle de Ned et Ray.
Est-ce que ça pourrait être la raison de cette fin un peu abrupte dont tu parles dans ton article ?
Hello, effectivement ce second roman est un préquel à Champs de ténèbres. J’avoue que j’ai fait le choix de lire celui-ci sans avoir lu le premier. Du fait que ce soit un préquel, pas vraiment de souci de compréhension. Pour la fin, je ne sais pas. Ce n’est pas tant l’issue en elle-même qui m’a gênée mais plutôt le fait qu’elle ait été pliée en deux coups de cuillères à pot. Je pense que je lirai son premier roman un de ces quatre pour me faire une idée 🙂 Néanmoins ça ne change pas le fait qu’il y a tout de même un vrai problème de rythme avec ce bouquin 😅
Merci pour ta réponse 🙂
Bon alors si je lis l’Expérience je saurais qu’il faut s’accrocher un peu ^^ »
Je n’ai pas souvenir d’un soucis de rythme pour Champs de Ténèbres, mais ma lecture remonte à une dizaine d’années déjà… même si j’en garde un bon souvenir, meilleur que le film d’ailleurs, qui est déjà « pas mal ». J’espère que tu auras l’occasion de le chroniquer, je suis curieuse d’avoir ton avis dessus.
Bonne journée, merci pour tes belles chroniques !