Roman

L’île du Diable de Nicolas Beuglet

Avant d’attaquer cette chronique je voudrais clarifier un petit point. Ce roman était pour moi une découverte de la plume de Nicolas Beuglet. Je n’ai lu ni Le cri ni Le complot qui sont ses deux romans précédents. L’île du Diable est une suite directe de ces livres mais j’ai choisi de faire l’impasse et de me lancer tout de même dans cette lecture.

De plus, l’éditeur a eu la très bonne initiative de mettre un résumé au début du livre nous permettant d’avoir une vue globale des intrigues qui ont précédé. Cela m’a permis d’avoir une vue d’ensemble et de ne pas me sentir perdue vis à vis des personnages et de leur passé.

Voilà donc, ceci étant posé, je peux attaquer cette chronique malheureusement en demi-teinte.

4ème de couverture

Le corps recouvert d’une étrange poudre blanche…
Des extrémités gangrenées…
Un visage figé dans un rictus de douleur…
En observant le cadavre de son père, Sarah Geringën est saisie d’épouvante. Et quand le médecin légiste lui tend la clé retrouvée au fond de son estomac, l’effroi la paralyse.
Et si son père n’était pas l’homme qu’il prétendait être ?
Des forêts obscures de Norvège aux plaines glaciales de Sibérie, l’ex-inspectrice des forces spéciales s’apprête à affronter un secret de famille terrifiant.
Que découvrira-t-elle dans ce vieux manoir perdu dans les bois ?
Osera-t-elle se rendre jusqu’à l’île du Diable ?

Un manque de profondeur

J’ai fait la découverte de Sarah, une ancienne combattante des forces spéciales devenue flic qui visiblement a joué aux héroïnes dans les tomes précédents. Au début du roman, son père est retrouvé mort, assassiné. Elle va donc bien évidemment prendre officieusement les rênes de l’enquête pour découvrir qui pouvait en vouloir à son père. Elle va vite comprendre que cet homme froid et distant avait un très grand nombre de secrets.

Je ne vais pas m’étendre plus sur l’intrigue au risque de trop vous en dévoiler. De plus, vous me connaissez, pour les chroniques relativement négatives je préfère aller à l’essentiel. Commençons par les points positifs de ce roman. Clairement, c’est hyper addictif, les chapitres sont courts, bourrés d’action et de dialogues, tout s’enchaîne très (trop ?) vite et on a un cliffhanger toutes les deux pages. Pour être honnête, j’ai lu les 300 pages en seulement deux sessions de lecture. Donc si je n’avais vraiment pas aimé je ne l’aurais pas bouffé aussi vite. On va dire que l’histoire est relativement cohérente dans son ensemble et elle aborde au fil de l’enquête des thématiques assez intéressantes d’un point de vue historique et scientifique.

Mais ! Mais malheureusement le côté addictif d’un roman ne fait pas tout. Premièrement, je n’ai absolument pas pu m’attacher à l’héroïne. Sur ce point je ne me formalise pas trop car peut être qu’en ayant lu les précédents romans je me serais peut-être sentie plus proche de l’héroïne. Pour tout vous dire, j’ai trouvé Sarah assez fade, parfois assez caricaturale. J’ai vu passer quelques chroniques de lecteurs ici et là qui d’ailleurs mentionnaient le fait qu’ils n’avaient pas retrouvé la Sarah forte et combattante des précédents tomes… Sur ce point je ne peux pas juger.

D’autre part, j’ai ressenti un manque criant de profondeur dans ce récit. Tout va trop vite en besogne. Les déductions sont faites en un battement de cils, les conclusions sont hâtives et parfois stéréotypées. Un certain nombre d’éléments auraient vraiment mérité d’être creusés d’autant plus qu’il y a des faits réels passionnants dans cette histoire. La personnalité des personnages est relativement survolée même concernant les nouveaux arrivés. Je suis restée sur ma faim et pour le coup, une centaine de pages supplémentaires n’auraient pas été de trop…

Sarah commençait à comprendre qu’elle allait devoir accepter une hypothèse qu’elle avait refusé d’envisager depuis le début. Car elle ne voyait qu’une explication à ce meurtre. Une explication tout aussi effrayante que le visage déformé du cadavre : son père n’était pas celui qu’il prétendait être.

En bref

Est-ce que la non-lecture des tomes précédents a biaisé ma découverte de ce roman ? Je ne saurais le dire, à vous, peut-être, de m’apporter des réponses. Quoi qu’il en soit, après les dizaines de chroniques dithyrambiques que j’avais pu lire concernant Le cri et Le complot, je m’attendais vraiment à tout autre chose. La plume est belle et efficace, le style est addictif, l’ambiance est réussie mais il m’a néanmoins manqué une profondeur au niveau de l’enquête. L’impression qu’il fallait aller vite à l’essentiel pour je ne sais quelle raison.

Comme toujours, mon avis est purement personnel, si vous aimez Nicolas Beuglet alors foncez sur ce nouvel opus pour vous faire votre avis. Si comme moi, c’est une découverte alors commencez peut-être par Le cri et Le complot. Vous trouverez ainsi peut-être cette profondeur globale de l’oeuvre que je n’ai pas ressenti avec ce dernier roman.