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Roman

Cari Mora de Thomas Harris

Attention énorme OVNI littéraire en approche. Après 12 ans d’absence, le papa d’Hannibal Lecter revient avec un thriller complètement hors normes. Oubliez ce que vous connaissez de l’auteur et laissez-moi vous présenter le sublime Cari Mora.

4ème de couverture

Des lingots d’or sommeillent depuis des années sous l’ancienne villa de Pablo Escobar à Miami Beach. Gangs et malfrats se battent pour mettre la main dessus.

Aujourd’hui, c’est au tour du maléfique Hans-Peter Schneider de tenter sa chance. Mais c’était sans prévoir la présence de la sublime Cari Mora, qui veille sur les lieux. En matière de violence et d’armes à feu, personne n’a rien à lui apprendre.

Entre désirs et instinct de survie, avidité et obsessions macabres, le mal se faufile à chaque page. Aucun auteur de ces dernières décennies n’aura autant exploré les démons. Thomas Harris, au talent terrifiant, revient ici avec un sixième roman événement.

Soy el fuego que arde tu piel 🎶

Miami Beach, ses plages de sable blanc ultra touristiques, ses villas de milliardaires et ses hommes d’affaires sans pitié. A Miami Beach se trouve l’une des villas secondaires du tristement célèbre Pablo Escobar. Si le narco-trafiquant n’a quasiment jamais mis les pieds dans ce lieu, il y a néanmoins caché pas moins de 25 millions de dollars en lingots d’or. Tellement bien cachés que personne ne les a trouvés. Jusqu’à présent…

Cari Mora est une jeune émigrée colombienne. Enfant-soldat en Colombie, elle a acquis de nombreuses connaissances pour se défendre en toutes circonstances. Aujourd’hui, sous protection aux USA, elle multiplie les petits boulots dans l’espoir de réaliser un jour son rêve : devenir vétérinaire. Parmi ses multiples professions, Cari est gardienne de la maison de Pablo Escobar. De nombreuses équipes de tournage de cinéma et télévision viennent souvent dans la villa. Cari se charge de les accueillir et de veiller à la préservation des lieux. Mais quand l’étrange Hans-Peter Schneider et son équipe débarquent avec plus de marteaux-piqueurs que de caméras, elle comprend qu’Hollywood n’est pas le but de leur visite. Cet homme semble avoir une lueur maléfique dans le regard et Cari va devoir affronter bien pire qu’elle ne le pense.

Entre trafiquants, mafieux et organisation de combattants mystérieux, ce roman nous plonge dans une étrange atmosphère à la « Narcos ». Sous les sunset de Miami l’appât du gain va entrainer tous ces personnages dans une chasse mortelle aux lingots d’or perdus.

Une narration très atypique

Ce roman m’a procuré un étrange sentiment à la lecture. Quand je vous dis d’oublier Hannibal, je vous parle bien sur des personnages et du registre mais aussi de la narration. Ici, Thomas Harris nous propose un style d’écriture très énigmatique, très soutenu, voire décousu penseront certains. On est très loin d’un thriller pop-corn. L’intrigue ne nous prend clairement pas par la main et c’est à nous de faire les connexions entre les lieux, les personnages et les évènements. La lecture peut parfois paraître brumeuse mais petit à petit les rouages se mettent en place.

Personnellement, j’ai véritablement adoré ce roman. Ce n’était pas une évidence au début de ma lecture mais le constat est venu petit à petit. En revanche, ma manière de lire fût assez différente de d’habitude. Si en temps normal j’enchaine facilement plusieurs centaines de pages, dans le cas présent, c’était plus compliqué. Alors, j’ai picoré ce roman en lisant 3 ou 4 chapitres seulement à chaque fois. Le temps de digérer, d’étudier, de m’imprégner de ce que je venais de lire avant de m’y replonger avec plaisir. J’aurais peut-être aimé que certains personnages – extrêmement flippants – soient un peu plus creusés. D’ailleurs plusieurs d’entre-eux mériteraient un roman à eux seuls.

Cari Mora, est une danse, un tango endiablé de 300 pages avec une atmosphère envoutante très particulière. Chaque mot est pesé par l’auteur avec précision pour donner à son oeuvre une dimension totalement singulière.

Ce soir, la brise venue du large est chargée de spectres, tous ces jeunes hommes et femmes, tous ces enfants qui ont survécu ou expiré dans ses bras tandis qu’elle tentait de panser leurs blessures, qui se sont battus pour retrouver le souffle de la vie ou qui, pris d’un dernier tremblement ont rendu l’âme.

En bref

Je fais le pari que dans les semaines à venir, ce roman va totalement diviser la blogosphère littéraire et je pense qu’il n’y aura pas de chroniques « entre-deux ». En revanche, pour lire ce roman, je n’ai qu’un conseil : détachez-vous de l’univers d’Hannibal. Afin d’apprécier Cari Mora à sa juste valeur il ne faut pas le considérer comme « l’après Hannibal ».

Pour ma part, la magie a totalement opéré et je me suis laissée envouter par ce cadre et cette narration originale. Il n’y a que les très grands auteurs qui sont capables d’une telle prouesse après 12 ans sans écrire. Thomas Harris en fait indéniablement parti. Pas un coup de coeur, mais presque 😉