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Roman

Cool Killer de Sébastien Dourver

Une dimanche matin, après avoir terminé un roman de près de 600 pages, j’avais besoin d’un livre un peu moins volumineux. J’ai donc sorti Cool Killer de ma PAL sans savoir que j’allais l’engloutir en quelques heures.

Honnêtement, j’ai très peu entendu parler de ce livre lors de sa sortie au mois de juin. J’ai beau passer des heures sur les blogs et Instagram, je n’en ai lu que de très rares retours. Pourtant, quand j’ai découvert la 4ème de couverture sur le site des éditions de La Martinière, j’ai su que ce livre était pour moi. Mon instinct ne m’a pas trompé, ce bouquin est une petite claque littéraire.

4ème de couverture

Cool Killer, c’est American psycho, Raskolnikov et Le Démon d’Hubert Selby Jr : notre société capitaliste passée au napalm du cynisme et de la provocation.

Alexandre Rose fait partie du système. Ingénieur brillant, il a avalé toutes les couleuvres qu’on lui présentait. Jusqu’à l’overdose. Jusqu’au jour où il décide de renverser le jeu et de détruire la société par ce qu’elle a de pire : la violence. Dans un monde rongé par les réseaux sociaux et l’info en continu, sa créature, le Cool Killer, a toutes les « qualités » pour y parvenir.

Start-up nation

 Je bosse dans le numérique. Alors le décor de cette histoire je le connais, très bien même. Les start-up standardisées, les open-space suffocants, les « propales » à envoyer à 21h et les « madames-bonheur » de la RH qui t’amènent un smoothie à ton bureau avant la pause café-banane-babyfoot pour booster ta productivité.

L’auteur nous parle de cette société occidentale qui est la nôtre aujourd’hui. Une société perfusée aux réseaux sociaux, aux médias, aux technologies. Une société influençable et prévisible qui fait le bonheur des grosses sociétés et des publicitaires. Merci les algorithmes ! Ils sont là pour te tenir devant ton écran, te faire scroller, acheter, scroller, regarder une vidéo, acheter.

Sébastien Dourver nous offre un roman qui pourrait paraître caricatural mais qui est néanmoins tellement réaliste. Quelle différence entre sa chaîne INFONONSTOP et cette bonne ville chaîne d’info en continu sur le canal 15 de votre TNT 😉. Bien sûr les curseurs sont poussés à l’extrême (quoi que… ?), mais le résultat est jouissif. Cette atmosphère narrative si particulière on la doit à Alexandre Rose, ignoble personnage principal de ce récit.

Vous avez dit haineux ?

Alexandre est aigri. C’est un euphémisme pour dire que c’est un sombre connard. Pendant un peu plus de 300 pages, il va nous parler à nous lecteur, de ses ambitions, de sa vie, de sa haine de tout et de ses plans tordus pour détruire le système.

Alexandre Rose est un brillant ingénieur rempli de haine. Envers sa femme, ses enfants, ses collègues, les adultes en trottinettes, les serveurs de café parisiens. En bref, il haït une bonne partie de l’humanité. Après avoir plaqué sa famille et son ancien boulot il se lance dans un projet informatique totalement fou. Le Cool Killer va ainsi voir le jour. En quelques mots, le Cool Killer c’est vous, moi, n’importe qui, qui, s’il le souhaite peut écrire sur une plateforme dédiée le scénario de la mort de quelqu’un. Juste comme ça pour se défouler. Le net est déjà rempli de haine alors un peu plus ou un peu moins… Mais ce n’est malheureusement que le point de départ du plan machiavélique d’Alexandre. Si vous saviez où tout ça va mener…

Comment est-il possible qu’IL existe. Comment cette chose peut-elle partager à la fois mon espèce et mon trottoir ? Le temps se ralentit nettement et je peux ainsi observer ce qui n’aurait jamais du être : un homme adulte sur une trottinette.

En bref

Il m’est difficile de classer ce roman dans un genre. Thriller ? Roman noir ? Difficile de trancher. Ce qui importe c’est son originalité débordante. Cool Killer est une satire douce-amère de notre société actuelle portée par un personnage au cynisme inégalé. Alexandre Rose, c’est un peu le pervers qui aime maltraiter les autres dans la cour de récré, celui qui se sent supérieur, le sadique à la gueule d’ange. Mais là, il a le pouvoir et la technologie entre ses mains.

Pour un premier roman c’est totalement bluffant ! L’humour noir qui fait le corps de cette plume m’a donné un grand nombre de sourires coupables. Mais que c’était bon ! Ce bouquin c’est un peu le contre-pied de la pensée unique et du conformisme. Je vous recommande vraiment de découvrir ce livre hors du commun et cet auteur très prometteur. On n’est vraiment pas loin du coup de cœur !