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Roman

Grand Père de Jean-Louis Costes

Il y a des livres totalement inclassables. Des livres tellement hors codes, hors normes qu’ils vous laissent un souvenir étrange mais totalement impérissable. Ce fût le cas avec ma lecture de Grand Père.

Jean-Louis Costes est une personnalité atypique. Performeur underground, il s’est notamment fait connaître avec ses pièces de théâtres crues et ses performances musicales atypiques. Je vous laisse faire vos recherches pour vous faire une idée du personnage 😊.

Pour Grand Père, Je vous promets une chose : vous n’avez jamais rien lu de pareil !

4ème de couverture

La folle vie du grand-père de Costes, Cosaque sabrant les moudjiks dans la steppe, légionnaire décimant les Berbères, bagnard en Guyane, finissant dans un HLM de banlieue à taper sur sa femme. Les Rouges ont massacré sa famille. Resté seul, le jeune Arménien rejoint les  » Cosaques bouffeurs de cocos « . Commence alors une cavalcade aventureuse à travers l’Europe, l’Afrique du Nord et la Guyane, à travers un monde où l’innocence finit toujours les tripes à l’air. 
Grand Père est l’histoire vraie d’un homme plongé dans la barbarie, d’une force inconnue, terrible, étourdissante, l’un des premiers chefs-d’œuvre français du XXIe siècle. 

De la barbarie guerrière au HLM

Jean-Louis Costes nous raconte l’histoire de son grand-père : Garnick Sarkissian. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’y aucun pas deux Bon-Papa comme le sien. Garnick est Arménien. Il a 17 ans quand les communistes massacrent tout son village et sa famille. Seul survivant, il s’enfuit laissant derrière lui le cadavre de sa sœur empalée au clocher de l’église. Il s’engage alors dans l’armée cosaque (en faveur du retour du Tsar de Russie) pour « bouffer du coco ». Pendant trois ans, avec son « armée », il va sillonner à cheval les territoires entre la Russie et la Mer rouge. Des milliers de kilomètres aller-retour durant lesquels Garnick va tuer, violer, piller, massacrer. Comme rappelé souvent dans le roman, la doctrine de vie de Garnick sera : « tripes-caca-sang« .

Mais les « bonnes choses » ont une fin et Garnick se retrouve quelques années plus tard en France avec le statut d’immigré. Lui qui ne sait que boire, tuer et violer va pourtant se trouver une jeune fille de bonne famille à séduire. La grand-mère de Costes s’amourache de cet Arménien exotique à la moustache magnifique et aux cheveux gominés.

Avant de finir en vieillard grabataire qui bat sa femme en s’enfilant des bouteilles de rouge devant la télé, Garnick a vécu d’autres aventures. Entre la guerre du Rif au Maroc, le bagne en Guyane et la France pendant l’occupation allemande, le vieil arménien a continué une bonne partie de sa vie à faire couler le sang. Toujours l’éternel « tripes-caca-sang ».

Plus cru tu meurs

A la lecture des premières pages, je me suis dit : putain mais c’est quoi ce truc !!! On ne va pas se mentir : c’est cru. Très, très cru. Autant sur les scènes de meurtres que sur les scènes de viol. Costes ne nous épargne rien et nous dépeint, avec son vocabulaire et son style bien à lui, la vie grandiose de Bon-Papa, guerrier cosaque. Mais, petit à petit, je me suis laissée captiver par cette histoire unique, par cette folie et surtout, par cette plume tellement unique. Bon, on ne va pas se mentir, ce n’est pas le genre de livre à lire dans le train… Si votre voisin de route lis quelques pages par-dessus votre épaule il risque forcément de se dire que vous êtes un espèce de pervers, friand de scatologie et de sévices en tout genre… 😬

A côté de ces scènes d’une violence et d’une immoralité sans limite, Costes nous livre aussi l’image du grand-père qu’il a connu enfant. Un vieil homme aigri, violent, alcoolique vissé à longueur de journée dans son canapé. Un guerrier cosaque réduit au rang de clochard puant qui ne savait que boire et battre sa femme. Un homme qui l’effrayait mais l’hypnotisait tout autant. L’enfant qu’était Costes voulait tout connaître de ce grand-père à l’oeil de verre qui pendant des années a semé la terreur et la mort sur son passage. Grand Père c’est l’histoire d’une vie. Une vie abjecte et destructrice mais néanmoins passionnante.

La famille avait traité ma grand-mère de pute quand elle s’était mise avec Papi. Ils disaient que le métèque l’avait envoutée avec son sale charme slave, ses cheveux noirs gominés de maquereau à grosses bagouses.

En bref

Il faudrait presque un bandeau « interdit au moins de 18 ans » sur le bouquin pour prévenir les foules. Grand Père ce n’est pas un livre comme les autres. C’est un récit d’une puissance incroyable, un ovni livresque tellement fort qu’il marque irrémédiablement le paysage littéraire. C’est plus qu’un roman noir, c’est un roman noirâtre, sanglant mais terriblement captivant. Le plus incroyable est que Jean-Louis Costes parvient, au milieu des horreurs, à nous raconter des moments drôles, cocasses mais aussi des moments touchants. Avec son style haché, cru mais aussi poétique, l’auteur nous livre une oeuvre unique.

Si vous voulez du trash, du très trash, que vous n’avez pas froid aux yeux et que l’ignoble ne vous paralyse pas alors tentez cette expérience littéraire. Je ne souhaite cependant pas être tenue responsable si vous avez les yeux qui saignent ou le cœur au bord des lèvres 😉.