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Roman

Hex de Thomas Olde Heuvelt

L’horreur. Ce registre de la littérature noire tellement compliqué (pour ne pas dire casse gueule). Clairement, n’est pas Stephen King qui veut. Installer un univers et une atmosphère horrifique est vraiment quelque chose de délicat qui demande énormément de talent pour réussir à distiller le malaise, la tension et finalement la peur dans l’esprit du lecteur. Avec Hex, j’ai passé un bon moment de lecture mais certains aspects du roman étaient sans conteste plus aboutis que d’autres. Suivez-moi dans la chronique de Hex pour rencontrer la sorcière de Black Spring.

4ème de couverture

Bienvenue à Black Spring, charmante petite ville de la Hudson Valley. Du moins en apparence : Black Spring est hantée par une sorcière, dont les yeux et la bouche sont cousus. Aveugle et réduite au silence, elle rôde dans les rues et entre chez les gens comme bon lui semble, restant parfois au chevet des enfants des nuits entières. Les habitants s’y sont tellement habitués qu’il leur arrive d’oublier sa présence. Ou la menace qu’elle représente. En effet, si la vérité échappe de ses murs, la ville tout entière disparaîtra.

Pour empêcher la malédiction de se propager, les anciens de Black Spring ont utilisé des techniques de pointe pour isoler les lieux. Frustrés par ce confinement permanent, les adolescents locaux décident de braver les règles strictes qu’on leur impose. Ils vont alors plonger leur ville dans un épouvantable cauchemar…

Mamie K

Katherine van Wyler a été condamnée à mort pour sorcellerie dans la petite ville de Black Spring en 1664. Les colons de l’époque ont tué ses deux enfants avant de l’assassiner après de multiples actes de tortures. Mais Katherine n’est jamais partie de Black Spring. Elle a lancé une terrible malédiction sur la ville et tous ses habitants. Plus de 300 ans plus tard, elle parcourt toujours les rues de la ville, les yeux et la bouche cousus, les mains entravées par de lourdes chaines.

En apparence, elle est « inoffensive ». Bien sur les règles de la ville interdisent de la toucher et de lui parler sous peine de subir une mort atroce. Elle apparait de manière aléatoire en ville et peut y rester des heures sans bouger, immobile, seul un murmure de paroles anciennes s’échappant de la commissure de ses lèvres. Le plus important est de ne JAMAIS écouter ce murmure sans quoi vous serez pris d’une irrésistible envie de vous suicider immédiatement, par tous les moyens à votre disposition…

Si la description de la sorcière est clairement effrayante, l’attitude des habitants envers elle empêche toute forme de terreur de se mettre en place. A Black Spring, enfants et adultes sont habitués à la présence de la sorcière (ou de Mamie K comme l’appellent certains). Quand elle apparait au milieu de leur salon et y reste plantée parfois plusieurs heures, ils se contentent de lui mettre un torchon sur la tête en attendant qu’elle parte. Cette relation à la sorcière dès le début du roman m’a empêchée de succomber à la peur. Bien évidemment, la sorcière se montrera sous un autre jour au fil de l’histoire. Malheureusement, cette première image de mamie rabougri inoffensive, presque vulnérable ne s’est jamais effacé dans mon esprit au profit d’une vraie méchante sorcière.

Bienvenu(e)s à Black Spring !

La force de ce roman tient dans l’atmosphère extrêmement oppressante due à l’enfermement des habitants de la ville. Black Spring vit presque en autarcie depuis plus de 300 ans, cachant l’existence de la sorcière au reste du monde. La malédiction de Mamie K possède un deuxième effet kiss-cool… Les habitants ne peuvent jamais s’éloigner très longtemps de la ville. Un jour ou deux tout au plus avant de ressentir une irrépressible envie de mettre fin à leur jour. Quand on emménage ou qu’on nait à Black Spring c’est pour le meilleur mais surtout pour le pire.

Pour vivre « au mieux » cette cohabitation et cet enfermement, la ville a créé l’HEX. Une organisation chargée de surveiller toutes les apparitions de la sorcière, de les recenser, afin que chaque habitant connaisse sa position à chaque instant. L’enjeu est également de mettre en place des stratagèmes parfois curieux pour la cacher aux rares étrangers se promenant en ville. Mais l’HEX c’est aussi un code : Le code d’exception, en vigueur depuis des décennies qui définit des règles strictes et un code de conduite primordial vis-à-vis de la sorcière. Un code tellement ancien que les punitions pour quiconque violerait la loi sont clairement d’un autre temps…

Hex c’est donc un roman d’horreur mais également une réflexion sur la nature de l’Homme et sur sa manière de vivre en communauté. Essayez d’enfermer quelques milliers de personnes dans un endroit un peu isolé, avec une atmosphère fanatique et vous verrez que les plus bas instincts refont vite surface…

Et l’intrigue dans tout ça ?

Oui parce que c’est bien beau, ça fait 3 heures que je vous parle du cadre de l’histoire mais pas vraiment de l’intrigue en elle-même. Et bien on suit majoritairement une charmante famille de Black Spring composée du père Steve, de Jocelyn, la mère et de leur deux garçons Tyler et Matt. Tyler l’ainé de la fratrie à 17 ans et des idéaux plein la tête. Pour lui l’enfermement n’est pas la solution. Avec un groupe de potes, il va braver interdit sur interdit pour tenter de dévoiler la vérité au reste du monde. Forcément vous vous douter que tout va partir en sucette…

Point positif, il n’y aucun temps mort dans le roman. J’ai tourné chaque page avec plaisir en voulant connaître la suite. Les chapitres bien qu’un peu long offrent un rythme d’action constant et les personnages sont assez classiques mais non moins attachants.

En revanche, aux 2/3 du roman, un évènement vient rebattre toutes les cartes. Ce moment passé, j’ai vraiment eu un air de déjà-lu (pour ne pas dire de presque plagiat). Je ne vous dirais pas à quel roman je pense pour ne pas vous spoiler, mais ça a clairement entaché la fin de ma lecture. Si le début du roman fait preuve d’une certaine originalité, cette fin déjà écrite (en mieux) par Stephen King est une grosse ombre au tableau.

Si vous tombez sur un rond de sorcières, faites bien attention de passer à côté avec les yeux clos. 
Mais ne les gardez pas fermés trop longtemps. 
On n’est jamais à l’abri d’une mauvaise rencontre.

En bref

Ca a été très difficile pour moi d’écrire cette chronique car j’ai eu beaucoup de mal à mettre des mots et un ressenti sur ma lecture. C’est d’ailleurs pour cela que cette chronique est beaucoup trop longue.

Donc si je dois conclure je dirais que c’est un bon livre, agréable à lire, avec un postulat de base original mais inconstant dans sa qualité. Il manquait quelque chose pour nous faire véritablement sombrer dans l’horreur et la folie. Mais comme je le disais plus haut : n’est pas Stephen King qui veut 😉