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Roman

HS 7244 de Lorraine Letournel Laloue

Lorraine Letournel Laloue n’est pas une auteure comme les autres. Lorraine fait partie des nôtres (oui je sais ça fait un peu secte 😅). C’est une grande fan de polars et de thrillers. Elle est la créatrice du groupe Facebook « Le club des Mordus de lecture » qui compte aujourd’hui plus de 35000 membres. HS 7244 est son premier roman. Pour une première parution je dois reconnaître qu’elle met déjà la barre très haut et nous propose un très bon thriller.

En route pour cette chronique de HS 7244 publié aux éditions Belfond.

4ème de couverture

Lorsque Marius se réveille dans cette cellule froide et puante, ses derniers souvenirs sont ceux d’une soirée arrosée et joyeuse avec Camille, l’amour de sa vie. Après Saint-Pétersbourg et Moscou, leur voyage à travers la Russie les avait conduits dans un petit bar de Grozny. Des vacances en amoureux, cela avait commencé comme ça… 
Aujourd’hui, Marius est enfermé, il a tout perdu, à commencer par ses droits. Il entend des hurlements, des hommes sont torturés. On les accuse d’être malades, contagieux. Dans cette prison non officielle, ils font l’objet d’expériences médicales, menées par ceux qui veulent trouver l’origine de leur mal et surtout un remède à ce fléau. 

Avec l’histoire de Marius, inspirée d’un drame qui a choqué le monde entier, Lorraine Letournel Laloue embarque le lecteur pour un aller simple en enfer.

Vacances en enfer

Dès le début du roman, l’auteure nous annonce que l’histoire qui va suivre est inspirée de faits réels. C’est le genre de mise en bouche qui attise ma curiosité. Dans les premières pages, nous faisons la rencontre de Marius qui s’éveille emprisonné dans une cellule nauséabonde. Il ne comprend pas pourquoi il est là, ce qu’il fait là et ce qu’on lui reproche. Les gardes le regardent comme un pestiféré et le traitent comme s’il n’était pas humain. Marius n’est plus un homme, c’est maintenant une bête, un numéro : HS 7244. Il est loin d’être le seul, des dizaines d’autres prisonniers sont dans le bâtiment.

Au fil des chapitres, on partage le désarroi de Marius, sa peur, sa souffrance. Le pire pour lui, au-delà des tortures physiques et psychologiques est la disparition de Camille, l’amour de sa vie avec qui il passait des vacances en Russie.

Je ne peux difficilement vous en dire plus sans vous révéler le sujet de fond de ce roman. Peut-être que comme moi, vous devinerez assez rapidement de quoi il retourne. Mais ne vous inquiétez pas, cela ne gâche en rien votre lecture de l’histoire.

Un parallèle historique passionnant

Vous vous rendrez compte, à la lecture de HS 7244, que les sévices et les expériences médicales totalement ignobles qui sont pratiquées, rappellent fortement les horreurs perpétrées par les nazis. Chaque page tournée me faisait perdre un peu plus confiance en l’espèce humaine. Comment de telles atrocités peuvent-elles être infligées à des êtres humains ? Comment peut-on humilier, torturer et déshumaniser à ce point ? Ce livre, c’est un grand tourbillon d’horreurs. Une immense plongée aux enfers où l’espoir parait tellement inconcevable.

Côté ambiance, c’est d’une puissance exceptionnelle. Sans être révolutionnaire le cadre d’emprisonnement de Marius est glauque et pervers à souhait. Dans ce huis-clos dense et oppressant, on sent la poisse, les odeurs d’urines et les cafards qui grouillent. Pour ce qui est des personnages, ils suscitent forcément l’émotion tant ils souffrent sous la plume de l’auteur. Côté rythme, j’aurais cependant aimé quelques moments plus piquants. Oui, vous allez me dire que je suis difficile, je sais bien. J’attendais peut-être une plus grande montée en puissance sur la dernière partie. Mais finalement, comment allez plus loin quand le pire a déjà été dit ?

Le fumier m’a trainé jusque dans ma cellule, comme un chien. Je ne comprends rien à ce qui se passe, le docteur m’a injecté un virus au nom étrange à l’aide d’une seringue. Il ne l’a même pas sortie d’un emballage stérilisé, elle était posée dans un bac. C’est quoi ce truc ? Je vais mourir ?

En bref

Jamais l’adage « la réalité dépasse parfois la fiction » n’aura été aussi approprié. HS 7244 est un roman percutant, violent qui pousse forcément la réflexion sur la politique menée dans certains pays. C’est aussi une histoire profondément humaine qui remue bien souvent les tripes devant tant de souffrances morales et physiques.

Un premier roman extrêmement bien mené sur un sujet on ne peut plus d’actualité. Je ne peux que vous recommander de découvrir le travail de Lorraine. C’est incontestablement une nouvelle plume à suivre, dans le paysage du polar français.