Roman

Vindicta de Cédric Sire

J’avoue que pour le moment, j’ai toujours du mal à dire Cédric Sire et non plus Sire Cédric. Mais c’est un virage pour l’auteur, une nouvelle maison d’édition qui lui ouvre ses portes alors pour lui je vais m’y faire 😊. Vindicta est la toute première parution de Metropolis, petit bébé issu de la maison d’édition Ring. Une collection spécialisée dans le thriller bien noir qui se lance dans l’arène avec le nouveau Cédric Sire ça ne promet que du lourd non ? Et bien fin du suspens : c’est du lourd, du très très lourd. C’est parti pour la chronique.

4ème de couverture

UN BRAQUAGE SOUS HAUTE TENSION 

« On entre, on prend le fric, on ressort. Personne ne sera blessé. »
Leur plan est sans risque. Le bijoutier ne portera pas plainte pour le vol car son argent est d’origine illégale. Damien, Élie, Audrey et Driss s’imaginent avoir trouvé la réponse miracle à tous leurs problèmes. 

UN FLIC EN CHUTE LIBRE 

Fraîchement muté dans un groupe de surveillance, Olivier est loin d’imaginer que la planque qu’on lui a assignée fera de lui le témoin clé d’un cyclone meurtrier, dans le sillage d’un tueur glacial et méthodique que rien ne semble pouvoir arrêter. Des déserts du Moyen-Orient aux villes sombres et silencieuses du territoire français, quand la vindicte est en marche, plus rien ne peut vous sauver. 

UNE TRAQUE HALETANTE SECOUÉE DE FAUSSES PISTES 

Pur instrument de torture et de mort, il n’a pas de nom, pas de visage, l’habitude de tuer et un cimetière de cadavres derrière lui. Mais dans cette affaire, pas de contrat. Cette fois-ci pour lui : c’est personnel. 

Dans ce thriller crépusculaire, Cédric Sire joue comme jamais avec les nerfs du lecteur jusqu’à l’effroyable twist final et confirme son entrée tonitruante parmi les maîtres du thriller français. 

La croisée des chemins

Dès les premières pages, vous allez vite comprendre que Cédric Sire ne vous donnera aucun répit. Il m’a fallu seulement quelques chapitres pour être déjà complètement happée par le style, le rythme soutenu et par les personnages eux mêmes. Sans perdre de temps, un cocktail brutal et savoureux nous est servi. Un premier shot de violence qui appelle très vite le suivant.

D’une part on retrouve une bande de quatre jeunes, un peu paumés, carrément fauchés qui ont eu un tuyau pour programmer le casse parfait d’une bijouterie toulousaine. Vous vous en doutez, ça ne se passera pas aussi bien que prévu… De ce braquage raté naîtra une déferlante de sang, de torture, de vengeance et de mort : la vindicte se mettra en route.

J’ai ensuite fait la rencontre d’Olivier Salva. Un flic quadragénaire, mis au placard dans le service plan plan de surveillance et d’écoutes après quelques sorties de route dans sa carrière à la police criminelle… Présent par hasard sur le lieu de braquage, il va devoir faire des choix : suivre les ordres absurdes de sa hiérarchie ou laisser parler son instinct de flic. Bien vite on comprend que le bonhomme est une tête brûlée, que le sens de la justice est ce qui le fait vivre, que c’est un vrai bon flic, plein d’humanité. J’ai adoré ce personnage, il m’a vraiment touché. Le genre de personne que vous aimeriez avoir à vos côtés dans la vraie vie.

Enfin, il y a Le Spectre, cette ombre, ce tueur sans visage qui opère et se fond dans la nuit. Les rares qui ont pu le voir et qui sont en vie pour en parler affirment avoir rencontré le Slender Man… Un maniaque assoiffé de sang et de souffrance.

A divers moment du récit, l’auteur fera une petite pause pour nous immerger dans des flashbacks, des années plus tôt en Afghanistan, au Mali ou en Libye. Des zones de guerre, des zones de non-droit, où les massacres et les charniers forment le paysage. Un groupe de para-militaires opère dans ces pays à feu et à sang. Un groupe qui n’existe pas, pour personne. Leur seul et unique but est de « traiter » les foyers terroristes aux quatre coins du monde. Mais dans cette équipe, l’un deux prendra goût au sang et à la barbarie, bien plus que tout les autres…

Plusieurs destins, plusieurs histoires qui vont se percuter avec une incroyable violence. L’intrigue est véritablement surprenante, à la limite de divers genres littéraires : on est clairement dans le policier, mais on frôle subtilement le fantastique et on effleure le thriller géopolitique. Un cocktail qui fonctionne diaboliquement bien !

Une plongée dans l’abîme du Mal

Des thrillers, j’en ai lu un bon paquet et il m’en faut pas mal pour me mettre le cœur au bord des lèvres ou pour presque m’arracher une petite larme. Cédric Sire a réussi les deux avec ce roman.

Le Spectre est un monstre de barbarie à l’état pur. Ses moments de tortures et de mises à mort atteignent des sommets de violence et de détails qui m’ont bien retourné l’estomac. J’avais vraiment l’impression de ressentir les lames se planter dans les chairs, les os se fracturer un à un, les tendons s’arracher. J’ai eu la chair de poule pendant la quasi totalité de ma lecture. Mais attention, malgré tout, l’auteur n’est pas du tout dans la surenchère d’hémoglobine. Tout sert à construire l’identité et la personnalité de cet homme (si tant est qu’il en soit encore un) lancé dans cette vengeance mortelle sans retour arrière possible. Finalement ces scènes sont assez courtes mais totalement hypnotisantes notamment grâce au vocabulaire choisi qui vous percute de plein fouet. C’est propre, chirurgical, les mots vous vont droit au cœur (ou à l’estomac).

Quand des personnages souffrent, qu’ils sont en danger et que j’ai la gorge serrée c’est que l’auteur à réussi son pari. Je ne suis alors plus dans un canapé à lire à livre, je suis dans un autre univers en compagnie de ces personnages. J’ai vraiment eu un coup de foudre pour Olivier Salva, ce flic hors des clous mais pourtant à la droiture exemplaire quand il s’agit de sauver des vies. Sans aucun spoiler, vous repenserez à cette chronique lorsque vers le début du roman vous lirez cette scène terrible de l’accident. Et vous comprendrez… Elle m’a complètement retournée, comme tous les chapitres qui ont suivi. Une déferlante d’émotions que je ne ressens que très rarement à la lecture. Je rêverais de parler de plein de points particuliers du roman qui m’ont touchée, étonnée, prise de court mais je vais tenir ma langue et vous laissez le plaisir de cette découverte 😉

Je choisis aujourd’hui une citation très courte, très simple mais violente et percutante à l’image de tout le livre.

Vient l’heure des spectres.
Le cœur de la nuit assassine.

En bref

Si les précédents romans de Cédric Sire m’avaient laissée un très bon souvenir, celui-là me laissera une marque indélébile. La construction et les avancées de l’intrigue ne cessent de prendre le lecteur à revers. On s’attend à un évènement dans les pages qui arrivent mais on est finalement tellement loin de la vérité. Les personnages ont des réactions humaines, vivantes loin des carcans et des stéréotypes du genre. On côtoie le pire, on frôle l’innommable et on sombre dans l’horreur. La fin m’a littéralement scotchée moi qui suis pourtant si difficile sur les dénouements. Le dernier dialogue m’a laissée les yeux un peu humides (de l’allergie sans doute 😬) et un joli sentiment de perfection en refermant la dernière page. Des polars comme ça j’en veux encore et encore ! Merci Cédric Sire pour cette lecture incroyable.

Vindicta sera disponible ce jeudi 21 mars 2019 dans toutes les librairies.

coupdecoeur