Grossesse

La 1ère moitié de grossesse avec supplément endométriose

Il y a encore peu de temps l’endométriose était un sujet obscur, presque tabou. Associée aux règles, c’était forcément une thématique qu’on n’abordait pas forcément avec son entourage même si notre vie était un enfer. Heureusement, doucement les choses commencent à changer. La maladie est à présent plus connue, notamment grâce aux associations et à certaines célébrités qui en ont fait leur cheval de bataille. En revanche si on parle beaucoup de l’endométriose avant la grossesse et de ses conséquences sur la fertilité notamment, on en parle beaucoup moins pour l’après. Qu’advient-il de cette jolie pathologie une fois que le polichinelle est dans le tiroir ? Laissez-moi vous parler de mon expérience personnelle très récente sur le sujet. 😬 Bien évidement il s’agit de mon expérience personnelle. Toutes les femmes ne sont sans doute pas impactées de la même manière (et heureusement !).

Petit rappel du jargon

L’endométriose est une maladie gynécologique qui touche aujourd’hui 1 femme sur 10 en France (on parle même maintenant de potentiellement 2 femmes sur 10). C’est juste incroyable d’avoir une telle part de la population en souffrance et si peu d’études et de solutions médicales. Mais passons. Je ne vais pas vous décrire en détail les multiples symptômes et conséquences de cette maladie, si cela vous intéresse, je vous invite à consulter le site https://www.endofrance.org/. Mais, pour résumer, les cellules de l’endomètre, la paroi qui tapisse l’utérus et qui s’évacue pendant les règles, sont complètement folles et décident de migrer où bon leur semble dans l’abdomen. Et forcément, tous les endroits où elles se logent sont autant d’organes qui vont saigner également pendant les périodes de règles. Au choix : vessie, intestins, ovaires, trompes et parfois même les poumons dans les cas les plus avancés (oui c’est trash hein ?)… Bien évidement dans ces petits recoins il n’y a pas de jolis toboggans naturels prévus pour évacuer le sang…. Alors ça reste là, à l’intérieur, ça s’accumule et se transforme en kystes, lésions, adhérences et autres joyeusetés. Je ne vous fais pas un dessin, l’inflammation est atroce et les douleurs d’une violence tellement énorme que des études les ont comparées aux douleurs ressenties lors d’une crise cardiaque… Bref, cette saloperie c’est ce qui m’a valu le tampon « infertile » placardé sur l’utérus, une opération chirurgicale un peu bourine et un parcours PMA en bonus.

Le deuxième effet kiss-cool

J’avais toujours lu/entendu que l’endométriose c’était la plaie pour tomber enceinte mais qu’une fois le ticket gagnant en poche, la maladie se mettait en sommeil. J’aime même pu lire sur certains sites d’illuminés/ignares que la grossesse soignait carrément l’endométriose. Attention spoiler : FAUX.

C’est une maladie associée aux règles, donc légitimement vous devez vous dire : « Si pendant 9 mois tu n’as plus tes règles, tu n’as plus de problème non ?« . Re spoiler : FAUX. Si bien évidement les crises inflammatoires dues aux saignements en période de règles disparaissent, l’endométriose a aussi une face cachée dont on parle moins : les adhérences. Imaginez une toile d’araignée, aux fils très résistants et collants qui s’attachent à vos organes et les relient entre eux alors qu’ils ne devraient pas. Comme une trompe collée à un bout d’intestin par exemple 🤷‍♀️. L’endométriose c’est aussi ça : Picasso dans ton bide.

Dès le début de ma grossesse, vers la fin du premier mois environ, j’ai commencé à avoir de violentes douleurs dans le bas du ventre qui n’était pas sans me rappeler les meilleurs jours de mes crises d’endométriose. Forcément panique à bord, « au secours je vais faire une fausse couche ! », « appelez Europe Assistance ! » enfin vous voyez le tableau. Heureusement j’ai la chance d’être entourée de professionnels de santé spécialisés en PMA et surtout formés aux problématiques de l’endométriose.

Vers 7 semaines d’aménorrhées, j’ai donc eu la chance d’avoir une première échographie pendant laquelle j’ai pu faire la connaissance du Haricot mais aussi avoir une explication sur la cause de mes douleurs : les fameuses adhérences. Pas difficiles à comprendre vu la localisation bien précise de mes douleurs qui coïncidait avec l’emplacement des adhérences décelées aux examens. Aussi rassurante que possible, la gynécologue m’a expliquée qu’avec l’agrandissement de l’utérus pendant la grossesse, les adhérences étaient étirées, d’où les douleurs. Globalement dans 97% des cas ça fait mal, mais tout se passe « bien ». En revanche, dans 3% des cas, l’adhérence « claque » d’un seul coup et c’est hémorragie interne, urgence vitale et tutti quanti… Quelle maladie formidable quand on y pense. Elle a vraiment pensée à tout ! On m’a prescrit un dérivé de la morphine, compatible avec la grossesse, que j’ai jusqu’à présent évité de prendre. Je préfère supporter la douleur que refiler des opiacés au Haricot.

Le quotidien

On ne va pas se mentir, depuis un peu plus de 4 mois maintenant ces douleurs d’adhérences me pourrissent un peu la vie et m’empêchent de profiter à fond de cette grossesse. Si j’étais plus ou moins préparée à dormir debout et vomir mes tripes, je n’avais pas spécialement prévu que l’endométriose continuerait de me jouer des tours. Imaginez, vous prenez un couteau bien affûté, vous le plantez au niveau de la hanche gauche et vous le ramenez vers le milieu du ventre… en permanence. Avouez ça donne grave envie ? Heureusement, sans bouger assise ou allongée c’est très supportable (un bon signe selon mon chirurgien ! 🤦‍♀️). Le pire étant quand je passe de la position assise à debout.

Depuis une quinzaine de jours, les douleurs ligamentaires ont fait leur apparition. Normales pendant la grossesse elles sont chez moi décuplées car sur mes ligaments de la zone pelvienne il y a….. ouiiii des adhérences ! Bref, depuis 15 jours c’est vraiment très difficile, mais comme on dit : « On s’accroche ! ».

Le regard de mon entourage est souvent assez compliqué. Comme toujours, la compréhension ce n’est pas le fort des gens. Donc j’ai le droit à des : « mais c’est ce que tu voulais être enceinte non ?« , « roooo tout le monde a mal enceinte ça travaille c’est normal« , « Tu as vraiment toujours quelque chose ! ». Des petites phrases qui aident à bien sortir la tête de l’eau en somme… Je n’ose même pas penser à ce qu’ils diront quand je serai avec mes douleurs au 3ème trimestre en mode baleine. Mais encore une fois, passons.

Au fond, la douleur j’en fais mon affaire, je la connais, je suis habituée puisqu’elle fait partie de ma vie depuis bien longtemps. Depuis bien avant qu’on pose enfin le diagnostic de cette maladie. Non, le pire, c’est que le fait d’avoir mal me fait sans cesse penser au pire. Comment être certaine que cette maladie n’aura pas d’autre incidence sur ma grossesse ? J’ai à peine lu en diagonale quelques articles sur le sujet et j’ai tout refermé vite fait bien fait. Rien que de voir les mots « prématurité« , « hémorragie » j’ai paniqué. Alors j’essaie d’avancer, en tentant de rester positive et en me disant que cette douleur quasi quotidienne n’impacte que moi et pas le Haricot mais il y a des jours plus stressants que d’autres c’est évident. Le point positif dans tout cela, c’est que j’ai la chance d’exercer un métier où je peux travailler intégralement de chez moi, en télétravail. Sinon, je serais en arrêt depuis déjà des semaines.

Il reste encore beaucoup d’aspects de cette maladie à prendre en compte dans le parcours de soin. C’est pourquoi aujourd’hui je voulais vous parler de cette facette de l’endométriose. Il ne faut pas croire que la grossesse résous tout. Oui, elle nous apporte ce bonheur incroyable d’attendre un enfant mais elle ne guérit pas de cette maladie que l’on nomme parfois « le cancer bénin ». Et honnêtement, toutes les femmes touchées que je connais ont vu les symptômes revenir en force avec leur retour de règles peu de temps après leur accouchement. Alors je ne me fais pas de fausses idées concernant l’après.

Mais chaque jour je me dis : « Dans quelques semaines, j’aurais mis 1-0 à cette saloperie de maladie et j’aurais mon fils dans les bras ! ». Pour ça, je suis prête à endurer encore toutes les douleurs qu’il faudra !